samedi 28 novembre 2009
Gémellité delphinale
Nous étions jeunes et pleins d'aspirations grandioses à peine gâchées et notre vie de pensionnaire au Collège royal de Juilly s'écoulait, tranquille en apparence, tourmentée et quelque peu mysticisante en dedans. C'était en 1994. À cette époque, la nuit venue et avec elle l'obscurité et le silence, s'imposaient à nous toutes sorte d'images, spontanément, sans que nous les recherchâmes le moins du monde. Ces images étranges qui se superposaient à la réalité et s'y substituaient à mesure que la lumière baissait d'intensité, gagnaient jour après jour en précision et en complexité, déployaient de plus en plus souvent leur splendeurs devant nos yeux effarés. La curiosité et l'excitation nous inclinèrent à les rechercher fréquemment bien qu'ayant conscience de la folie que cela pouvait potentiellement représenter autant que du danger venant de leur caractère imprévisible et violent. Cette violence n'était pas seulement visuelle. En effet, les images mouvantes et tridimensionnelles s'accompagnaient de sensations physiques et de sentiments divers que nous n'aurions su expliquer.
Un nouvelle récente nous a amenés à nous pencher à nouveau sur cet univers délaissé depuis longtemps, et sur les croquis et notes par lesquels nous avions consigné ces manifestations nocturnes. La vision, à la fois vivante et symbolique, qui nous avait le plus marqué et qui restera à jamais gravée dans notre mémoire prit une acuité et une dimension que je n'aurais pu soupçonner auparavant à la lumière de cet événement. C'était le 27 mai 1994 au soir, peu après que le calme et le silence eût envahi le dortoir, dans notre cellule individuelle isolée de la coursive par un simple rideau, à Juilly. Ce soir-là, nous nous laissâmes entraîner de nouveau dans les corridors incertains de cette sensorialité inhabituelle et sentîmes que les choses allaient être fortes. Les pulsations de notre coeur irradiaient dans tout notre corps. Emergeant d'abord des ténèbres une sorte de lourde porte d'airain, avec en son centre un genre de mascaron patiné à visage humain, proche de la représentation du Roi-Soleil, ou encore d'une tête de gorgone, je ne sais. Nous tentâmes de pousser la porte qui s'entr'ouvrit et ressentîmes aussitôt fortement une présence, un Autre, très proche, presque uni à mous.
in Cahier 1994
C'est alors que nous apparurent deux dauphins adossés aux caractéristiques quasi héraldiques, de couleur bleue et argentée, très lumineux. Ces deux dauphins étaient identiques et formaient une symétrie parfaite. Ils semblaient éclairés de l'intérieur, comme incandescents et se détachaient nettement du fond bleu céleste. Au centre de cette image gémellaire, prit soudain naissance un faisceau de lumière très vive jaillissant du point de contact entre les deux figures en forme de cône renversé. Cette lumière, comme une ouverture, un déchirement dans le fond obscur, grandit et s'écarta en séparant les deux dauphins pour occuper tout le champ visuel. Un confiance et un bien-être inexplicables se dégageait de cette vision magnifique.
in Cahiers 1994
Les mêmes dauphins réapparurent au centre du faisceau, affrontés cette fois et inscrits dans un cercle, augmentant en intensité lumineuse et en brillance tandis que la lumière au second plan prenait une perspective et se mettait à défiler comme un tunnel de feu sans que la figure centrale, statique, en fut affectée. Les détails en étaient très nets et les couleurs très vives. Ce spectacle merveilleux nous inspirait un sentiment aigu de puissance et de hauteur. Cette splendide vison se poursuivit mais l'épisode que nous décrivons ici nous marqua à jamais par la sa majesté et par sa beauté sans que nous puissions lui donner de signification.
A deux dauphins adossés. 1996
Bâton de marche sculpté par nous, 1996
Gironné ondé de six pièces mouvant de la pointe à deux dauphins affrontés brochant. 1998
Cependant, elle nous poursuivit tout au long de notre vie jusqu'à aujourd'hui et nous avons régulièrement fait référence dans nos dessins d'armoiries et diverses autres représentations à ces deux dauphins. Mais aujourd'hui, nous ne pouvons nous empêcher de rapprocher ce souvenir à l'heureux événement que nous avons appris le 25 novembre par un communiqué du Secrétariat de Monseigneur le duc d'Anjou, Louis XX. Leurs Majestés le roi et la reine attendent des jumeaux pour le printemps prochain. Si ce sont de vrais jumeaux, et que ce sont des garçons, ce que nous ne savons pas encore et que nous ne saurons qu'à leur naissance, la gémellité delphinale de notre vision prendra alors tout son sens. Un chose inouïe se produira dans l'histoire de notre race royale : la naissance de deux dauphins de France.
Couronne delphinale
Nous connaissons bien nos lois de dévolution de la Couronne et elles sont limpides. L'héritier de la Couronne est désigné par la loi de primogéniture. Cela signifie littéralement que le premier né sera roi. Mais cette loi n'enlève rien au signe que représente cet événement. Si se sont des garçons, des jumeaux authentiques, ils auront été conçus au même instant, issus de la même cellule, ayant un patrimoine génétique identique et ne naîtrons qu'à quelques instants d'intervalle. Nous voyons là les arcanes du Temps jouer un jeu inédit qui nous remplit à la fois d'allégresse et de craintes. Nous ne pouvons pour l'heure que féliciter Leurs Majestés et nous réjouir par avance pour la continuité de la Couronne. Mais nous n'avons certes pas fini de méditer cet événement et ses possibles conséquences méta-historiques.
mercredi 11 novembre 2009
Fils de Saint Louis
Henri IV, Charles X, Henri V, Louis XX
Le temps est peu propice à herboriser et nous mirons ainsi en cette fraîche matinée notre conscience de légitimiste dans l'or des monnaies et médailles à l'effigie de nos rois. Celles-ci nous paraissent être des luminaires semés tout au long d'un grand pont entre les âges et nous sommes saisi de vertige en détaillant les inscriptions et les augustes profils depuis les origines jusqu'à nos jours. La suite des Bourbons, issus de Saint Louis, nous émeut au plus haut point et nous ne pouvons réprimer un soupir en considérant le visage de Henri IV qui lui succédera tant de générations après sans qu'on eusse pu prédire que sa lignée deviendrait, au triste jour de l'assassinat de Henri III par l'insensé Jacques Clément, dynaste pour la suite des temps. Je me perds encore dans la contemplation des Bourbons et mon coeur bat pour Charles X, si mal aimé, Henri V, qui n'accédera pas au trône, et enfin notre contemporain, Louis XX, fils de Saint Louis, dont la médaille est semée de fleurs de lis.
Paris, pont Alexandre III
Nous songeons au temps qu'il peut faire à Paris, capitale de nos rois, qui fut notre deuxième mère et que nous aimons viscéralement. Quels ors en son ciel de marbre peuvent luire de tout leur éclat dans la cité royale ? Ces ors, nous les connaissons bien, ce sont ceux du pont Alexandre III et du dôme des Invalides, joyau de notre capitale voulu par le Grand Roi. Notre pensée va donc à Louis XIV et à cet édifice dont la splendeur irradie dans tout un quartier de Paris et qui constitue un symbole monarchique achevé, par la majesté de son architecture bien sûr, mais aussi par le lieu tout à la foi militaire, religieux et royal qu'il incarne par sa fonction, son église, le patronage de Saint Louis et la volonté de son fondateur.
Les Invalides vues de la rive droite de la Seine
Souvent nous avons emprunté le pont Alexandre III, parfois la tête en l'air, ou traversé l'esplanade des Invalides en admirant sa façade si sobre, tendue par des rythmes de pierre qui lui confère sa verticalité et sa puissance incomparables. Nous nous sommes arrêté devant les vieux canons vert-de-gris et les armes royales qui ornent la grille d'entrée. Cet ensemble admirable qui s'étend sur la rive gauche de la Seine, et d'où émerge une magnifique coupole dorée dont le lanterneau pointe en direction du ciel une flèche acérée, nous semble un havre de la tradition royale toujours actualisée, année après année, par les cérémonies qui y prennent place en présence des plus hautes autorités militaires ainsi que de la plus haute autorité morale, le prince lui-même.
Paris, Hotel des Invalides
Il se joue alors dans ce sanctuaire des armées, haut lieu de la valeur militaire reconnue et récompensée, hymne à nos anciens qui combattirent pour sauvegarder notre liberté et en furent marqués à jamais dans leur chair, un rituel sacré, la messe de fondation. Celle-ci célèbre la création par le roi Louis XIV d'un lieu unique au monde où tous les malheureux, victimes de la guerre et contraints à l'indigence parfois extrême purent trouver, plus qu'un refuge, un honneur, une fierté, une nouvelle vie. Cette acte fondateur du roi, témoignant de sa profonde sagesse et mansuétude, est donc chaque année célébré par une messe en l'église Saint Louis des Invalides, suivie d'une réception, et à laquelle participe naturellement et fidèlement le successeur du roi, notre prince, Louis XX.
Louis XX et la princesse Marie-Margueritte aux Invalides
Voici plus d'un mois que s'est tenue cette célébration si symbolique et dont nous nous réjouissons toujours qu'elle ait lieu en présence du roi tant il est vrai que par sa nature elle transcende les régimes et les couleurs sous lesquels elle pourrait se dérouler. Nous avons cependant eut connaissance d'un commentaire qui l'évoquait en des termes sous-estimant, voire négligeant, son rôle fondamental en tant que lieu de manifestation du prince où celui-ci prend toute l'ampleur de sa fonction royale, fut-ce uniquement au plan symbolique. Ce commentaire n'est autre que le billet Légitimisons, déjà cité, de notre confrère Catoneo dans la chronique passablement légitimisante Royal-Artillerie, auquel j'avais répondu en le citant par le billet Zone piétone, et où ce dernier tire à boulets blancs, si j'ose dire, sur l'événement.
Canon devant les Invalides
Il convient pourtant, en tant que légitimiste, c'est-à-dire de défenseur de la légitimité, de convenir que cette célébration est, avec peu d'autres, le lieu par excellence de la présence du prince. Cela veut dire que le prince incarne dans le cadre de cet événement le lien entre l'Histoire et le présent, et en fait, entre celui par qui cet événement à lieu d'être, le roi, et l'événement lui-même. On ne saurait trouver au prince de meilleur place dans l'actualité que celle où il représente effectivement et officiellement le roi. On s'offusquerait même qu'il eut une fonction officielle en dehors de cela. C'est sans doute la raison pour laquelle les lieux où le prince se manifeste physiquement sont chose rare.
Cour des Invalides
Ce mois de septembre dernier, le roi de jure Louis XX, notre prince, se rendit donc à cette célébration comme chaque année, y étant invité par les autorités qui sont ainsi fidèles à leur devoir envers son autorité morale et le manifestent. Ce n'est pas rien. S'il n'y eut ici nul bain de foule, nul cris de « Vive le roi ! », nul presse people aux aguets, il y eut revanche des personnalités de la République se soumettant à un rituel en partie chrétien dans lequel notre prince prend une place prépondérante. Nous ne pouvons que nous en réjouir. L'heure, loin d'être aux combats, que nous n'appelons pas de nos voeux, est à la validation de fait par les meilleures élites de la légitimité. Il y a encore un abîme entre la réalité et cette ambition, mais elle est la seule qui puisse être envisagée pour nous dans l'immédiat car c'est d'elle, avec le temps, qu'émanera la confiance puis l'aspiration si nécessaires du peuple. Nous croyons que la royauté légitime doit par ce moyen redevenir, d'une certaine manière, à la mode.
Acceuil du prince, Louis, aux Invalides
Mais revenons à notre événement. Le point d'orgue de ces célébrations est la messe en l'église Saint Louis des Invalides. C'est dans cette splendide nef d'un blanc royal que va avoir lieu l'un des offices religieux les plus significatifs de l'ancienne France continuée jusqu'à nos jours, la Messe de fondation des Invalides. Cette messe célèbre trois choses simultanément. D'abord, elle célèbre la fête de Saint Louis, sous le prestigieux patronage duquel est consacrée. Ensuite, elle commémore la consécration, ou dédicace, de cette nouvelle église, le 25 août 1706. Enfin elle fête l'anniversaire de la création de cette institution par le roi Louis XIV, aïeul de SAR le prince Louis de Bourbon, Louis XX.
Eglise Saint Louis des Invalides
A travers la célébration de la dédicace, l'Eglise célèbre ainsi la réalité même de l'Eglise en tant que corps du Christ, peuple de Dieu. C'est l'évêque aux armées, Monseigneur Patrick Le Gal, qui présida la cérémonie de septembre dernier dans l'église Saint Louis des Invalides qui a fonction de cathédrale du diocèse aux armées. La messe fut faite célébrée par le nouveau gouverneur des Invalides, ancien chef d'état-major de l'armée de terre, le général Bruno Cuche. Le protocole voulut que le gouverneur et l'évêque accueillissent le prince à l'entrée de l'église avec les égards dus à son rang autant qu'à ce qu'il représentait dans le contexte de cette célébration, l'héritier moral du roi. Le roi était donc présent en chair et en os, comme il le fut les années précédentes, n'en déplaise aux esprits chagrins qui ne voient là que parades et mondanités, et à ceux qui auraient carrément préféré son absence pour mieux faire valoir celle d'autres princes moins bien nés.
Louis XX et la princesse Marie-Marguerite lors d'une messe aux Invalides
Il a dans cette tradition une adéquation remarquable entre le nom de l'église, qu'elle tient de son patronage, celui de Saint Louis, le nom de son fondateur, le roi Louis XIV et le nom du prince qui est invité à y représenter ce dernier, Louis de Bourbon ou, plus exactement Louis de France, la Maison de Bourbon étant la Maison de France. Nous voulons croire que la Providence n'y est pas étrangère et que si cette tradition perdure avec la présence du prince, Louis, nous devons y voir le gage le plus éblouissant de sa légitimité en tant que roi désigné. Ne l'affirme-til pas lui-même en arborant, malgré l'interdit dont le frappe la loi actuelle, la croix de l'Ordre du Saint-Esprit à la boutonnière, ordre duquel le prince est seul Souverain Grand-Maître ? Quelque républicains que soient les ors et les couleurs associés à la commémoration, c'est la puissance du roi et sa grâce qui y sont célébrés. De même le prince ne salut pas un homme portant le drapeau de la République mais un porte-drapeau français. Il ne s'entretient pas avec un homme ayant servi la République mais avec un pensionnaire de l'Institution nationale des Invalides.
Dais de l'Eglise Saint Louis des Invalides
Nous noterons lors de la dernière cérémonie la présence d'autres princes, notamment le prince Charles-Emmanuel de Bourbon de Parme et sa famille, et le prince Jacques d'Orléans. Etaient présents également de nombreuses personnalités de la haute fonction publique et de l'armée : le président du Sénat, Monsieur Gérard Larcher, le gouverneur militaire de Paris, le directeur du Musée des armées, le général Robert Bresse, l’amiral Lanxade, abcien chef d’état-major des armées et ancien ambassadeur de France à Tunis, le général Jean Combette, président du Commité de ravivage de la flamme sous l’Arc de Triomphe, le fils du Maréchal Leclerc, le comte Hubert Leclerc de Hautecloque, le colonel Jacques Allaire qui sauta sur Dien-Bien-Phu. Nous noterons aussi que l'Institut de la Maison de Bourbon, dont le prince est le protecteur, était représenté par son président, le prince de Bauffremont, acompagné du vénérable duc de Bauffremont, président du Mémorial de France à Saint-Denys. Enfin des délégations de l'Ordre souverain de Malte, dont le prince est le plus jeune Bailli Grand-Croix d'Honneur et de Dévotion, et de l'Ordre du Saint-Sépulcre - doit-on rappeler que le prince est roi titulaire de Jérusalem ? - étaient présentes également.
Le prince, Louis, suivi du prince Charles-Emmanuel de Bourbon-Parme
Nous repensons à cet événement et songeons que parmi toutes ces personnalités de marque autour de celle du prince aucune ne peut prétendre à être son égale. Elles le savent. Pourtant, le Saint patron de cette église est bien le modèle du saint roi, celui du thaumaturge qui touchait les écrouelles, celui qui lavait les pieds des pauvres, celui qui est mort en croisade de la maladie de ses hommes et au milieu d'eux, et le roi, celui qui a fondé cette institution, l'a fait dans un haut geste de compassion et de générosité, pour ses hommes. Le prince est donc plus que jamais à sa place dans ce lieu sacré où sans pouvoir être égalé dans sa dignité, il est moralement le plus proche des plus nobles des indigents et des plus honorables des nécessiteux, du moins incarne-t-il les rois ses pères qui le furent de facto. Vive le roi !
Entrée d'honneur et dôme de Saint Louis des Invalides
jeudi 5 novembre 2009
Le songe nocturne
Nous entendons les clameurs sourdes des régiments royaux, claquer des étendards, mais ce sont simplement les volets. Nos paupières s'ouvrent sur l'atmosphère vibratoire de la chambre. Nous sentons le vent noyer chaque anfractuosité de la paroi extérieure et devinons le halo d'une lune argentée. Les thèmes qui furent abordés ces derniers jours pour inaugurer cette chronique française, de même que ceux qui sont envisagés, tournoient dans notre esprit, s'entrechoquent pour former de nouveaux motifs. Nous sourions en préparant notre plan de travail, café, tabac. Il est minuit passé et nous sommes bien, calé dans notre vestige de chaise, face aux pixels dociles de l'iMac. Wax Tailor, Tales of the forgotten melodies.
Les clameurs qui nous occupent en ce lieu, ce sont celles du combat légitimiste, ce combat que nous tenons pour sacré et dépassant par sa noblesse toutes les ambitions les plus honorables fors la sainteté. Cet engagement libre et sincère peut-il racheter nos fautes les plus odieuses, Dieu seul le saura jamais en ce monde. Nous ne pouvons que croire que, hormis par les miracles et les prophéties sur lesquels nous nous garderons de compter, la Providence révèle ses desseins les plus vastes par l'Histoire des hommes. C'est donc, songeons-nous, dans cette ample respiration des civilisations que l'Homme doit chercher la clef de son salut terrestre.
Nous l'avons deviné dans notre jeune âge sans pouvoir y mettre de mots et avons été émerveillés par les images et les couleurs portant en elles le sens des volontés cachés qui animent le monde et le parcourent. Nous nous y accoutumâmes sans même le savoir et en fûmes imprégnés de plus en plus, cherchant en désespérant de trouver, trouvant sans pouvoir nommer. Nous prîmes conscience que le lieu par excellence de l'Histoire est le futur et que tous les possibles de celle-ci résident dans la lame affilée et insaisissable de l'instant qui le fige irrévocablement. Il est le lieu sacral du surgissement. La Ténèbre des Ténèbres nécessaire à l'accomplissement.
Le paradoxe est que c'est ce futur qui nous livre toutes les clefs de l'Histoire car c'est vers lui que nous nous tournons lorsque cesse en nous la rêverie et que se dessine la volonté, mûrie comme un fruit près de se cueillir, qui en jaillit. Cela s'appelle le Haut Geste, l'action noble. C'est le pont magique de l'Histoire en gestation, celui sans lequel on ne pourrait lui donner son sens si précieux, existentiel. C'est donc dans l'avenir que nous allons chercher l'Histoire. Symboliquement, par notre quête sans fin, par notre méditation de celle-ci, par notre combat. Authentiquement, par notre projet, par notre motif, par notre fin ultime. Désespérément, par notre fidelité, notre compassion, notre amour.
L'idée qui nous tiens désormais à coeur est d'ouvrir la lourde porte d'airain de l'Histoire et de sentir au fur et à mesure l'appel d'air qu'elle produit avec notre futur. Nous ne savons pas toujours, tant elle est labyrinthique, ce qu'elle réserve à nos yeux stupéfiés, mais nous avons déjà puisé aux sources cachées du grand réseau des Temps en mouvement et sommes prêts à affronter notre intime conviction au effets de miroirs de l'Histoire dans nos découvertes matérielles. L'Oeuvre est ainsi la compilation, nectar essentiel, la conservation, lieu des sentinelles et la transmission, don de soi et amour de l'autre. L'Histoire se fera ainsi songeons-nous encore. Nous devons en fait la rappeler à elle-même.
Il semble simple, évident même, mais cette acte suprême, enfant de notre conscience, est semé de pièges et de dangers. C'est dans cette acte que nous verrons les forces contraires et le pouvoir terrifiant du Démon, jusqu'à l'intolérable. Ne nous méprenons pas. Face à un tel dérèglement du monde, la violence inouïe du Mal se projette comme aimantée sur le preux et le heurte, le blesse, l'avilit, le rend fou et enfin le tue. Les premiers symptômes de notre marche vers la lumière sont négatifs et douloureux, qui n'a jamais eu peur dans la nuit noire ? Ils engendrent le doute, la solitude, l'humiliation. Mais confiants malgré tout, nous nous rappelons ce que la nature nous enseigne. Il n'est pas d'accouchement sans peine.
De même nous ne saurions ordonner l'Histoire à sa place. Il convient de la découvrir, de l'apprivoiser, de l'écouter par notre peine pour qu'elle se réalise. Elle pourra paraître confuse, désordonnée ou même paraître sans qu'on la distingue le moins du monde. Elle apportera la récompense par son vecteur même : le Temps. La Vision ne se fera qu'à la fin des Temps. Il faut en être. Nous ne voulons, ni ne pouvons déchirer son voile complètement et seuls des indices et des parcelles, des jeux de figures, des retours soudains seront notre lot. Nous serons souvent guetté par le découragement ou la lassitude face à l'ampleur de notre tâche, nous ne devons pas cependant basculer dans l'excès inverse et négliger nos devoirs envers nous-mêmes et envers les autres, nous invaliderions notre travail et nous nous détruirions. Tout comme le doute, le redoutable orgueil sera toujours là, près de faire son oeuvre.
Franc à cheval de Jean II
Comme nous aimons à le rappeler, la vitesse nous flatte. Mais cela est vite oublié et l'impatience engendre de nouvelles douleurs. La précipitation, de nouvelles difficultés. Nous nous devons l'exactitude, la précision. Nous les devons à notre Histoire. Sans elles, elle ne viendra pas à nous. Nous ne pouvons nous permettre d'en être indigne par négligence. Ce serait nous condamner à être des gens ordinaires, et pire encore, car nous aurions gâché notre fibre sacrée, notre grâce. Nous ne pouvons vouloir cela sans nous faire les complices du Mal le plus insidieux et le plus puissant : la paresse. Elle nous rend indisponibles pour l'Oeuvre, inexistants. La découverte de la Sagesse ne peut souffrir de demi-mesures. On s'y adonne, tranquillement mais pleinement. Nos premiers travaux de redécouverte seront ardus et nécessiteront le concours de toutes les volontés sincères qui désireront apporter leurs intuitions, leurs connaissances et leurs réflexions, sans négliger leur humour, qui recèle parfois de profondes vérités.
Franc à pied de Charles V
François Couperin, Mistérieuses barricades. Tabac, café. Nous retenons de la réflexion à laquelle nous nous sommes livrés que notre combat est voulu par l'Histoire. Elle devient son alliée dès lors que nous montrons des qualités de dévouement, d'humilité, de persévérance et de patience. Seule une véritable foi puisée au fond de notre coeur, origine de nos sentiments, peut soutenir et véhiculer notre action. Nous devrons nous préparer à l'accomplissement des arcanes des Temps en vivant chacun de nos instants comme tendus vers notre projet commun, le Haut Geste. Enfin nous prierons et nous rappellerons toujours que nous devons nous montrer dignes de la vie qui nous a été donnée par Notre Créateur. Nous étudierons bientôt les différents aspects de notre quête. Est-il utile de préciser que notre allure et notre comportement à l'égard des autres ne se verront pas changer par fantaisie, mais se modifieront insensiblement dans le temps. Point de mysticisme échevelé à la face du monde donc ! Nous sommes sereins et disponibles. Le vent nous enveloppe toujours de son souffle inextinguible. Il pleut.
mercredi 4 novembre 2009
Annonçons la couleur !
En voyant les nuages pleins de protubérances dont l'écume se refroisse en de larges ressacs, nous ne pouvons nous empêcher d'y voir l'étendard de lumière que nous aimerions contempler flottant au sommet de nos monuments, le pavillon virginal que nous voudrions apercevoir dansant à la poupe de nos bâtiments, et il n'est pas jusqu'aux laques noires de nos berlines officielles où nous ne serions comblés de le voir se mirer. Nos nuages dansent eux aussi et se meuvent avec la majesté des choses célestes, puis s'allument d'or vers la fin du jour. Notre drapeau rêvé, si calme et beau, se noie sous nos yeux captifs dans l'azur assombri et meurt déchiqueté, baignant dans un sang rouge qui annonce la nuit, lançant vers nous ses derniers feux.
Nous ne pouvons plus rien sinon attendre l'aurore, le nouvel été, le Grand Blanc, seul, radieux. Quel Roi-Soleil, quel vrai porteur de la lumière, nous rendra notre flamme immaculée et nous autorisera à abandonner enfin nos vieux flambeaux usés aux ombres si trompeuses ? Nous croyons, nous savons qu'il viendra. Quand, nous ne le savons pas, mais nous avons la direction dans laquelle regarder, comme un arc tendu dans le ciel, comme le mouvement même des astres, comme un orient sacré, c'est celle du Fils de Saint Louis, notre prince dans l'éternité.
Nous scrutons patiemment vers la nuit des temps qui vient soupirer, telle un vaste océan, jusqu'à nos pieds qu'elle caresse. Nous voyons dans ses plis bleus profonds nos rois peints sur des parchemins rehaussés d'or, et des myriades de fleurs de lis semés en elle comme des étoiles. Ces pâles lueurs démultipliées nous sont comme un langage mystique et nous guident loin dans notre Histoire jusqu'au vertige. Nous voyons la France elle-même se forger comme un métal chauffé recevant les coups du marteau dans un chaos d'étincelles multicolores, changeant de formes, s'aplatissant et se rétractant pour de nouveau s'étaler et commencer de dessiner sa forme.
Dans ce cratère originel, les couleurs varient sans cesse et se dérobent à peine apparues, comme les premières lueurs du jour dans l'eau vive. Nous voyons encore des chevaliers et des combattants chargés de métaux et d'émaux rutilants qui s'enchevêtrent et se confondent sous l'oriflamme dans la poussière levée de terre, les visages mouillés de leur sang. Nous voyons des Francs porter des étendards blancs frappés de croix d'or jusqu'au milieu du monde et y donner naissance à des rois. Des milliers de croix de toutes les couleurs accompagne des foules et des armées dans tout l'Occident et nous voyons la France porter bientôt en ses couleurs et ses victoires une croix d'argent.
Le rex francorum reçoit l'onction sacrée dans sa chemise de lin blanc qu'une rais de soleil inonde de lumière en même temps que l'hermine de son manteau de sacre. La jour frappe dès lors la Terre de sa lumière implacable et y dessine des ombres de plus en plus nettes. Le monde semble sortir de terre, droit, beau, ambitieux. Tous les objets de commandement et de prestige prennent sa couleur, jusqu'au panache du nouveau roi. L'on voit dans les rangs des armées aux atours magnifiques émerger des drapeaux et des écharpes blancs. Cette couleur prend progressivement toute sa place, souveraine, avec la grâce d'un prince, car c'est alors la vraie couleur de la France.
Notre dernier souverain sacré paradera sous des milliers de drapeaux blancs semés de lys ou frappés de ses armes, blancs comme le lait maternel de la France, blancs comme ses éminences resplendissantes, blancs comme les cheveux même du prince. Ce drapeau qui subit toutes les injures sous l'influence démoniaque des révolutions est pourtant le nôtre et nous l'aimons comme nous aimons notre roi. Nous chérissons son souvenir et l'appelons de nos voeux tout comme l'a fait le prince Henri pour son plus grand honneur ! Nul ne saurait faire marcher un homme fidèle à son prince sous des couleurs qui l'insulterons toujours et avilissent ses emblèmes sacrés, nos emblèmes communs et ceux de nos pères. Alors nous déclarons que nous marcherons ensembles pour Louis, fiers et remplis de joie, sous le vrai drapeau de la France, le drapeau du roi, le drapeau blanc !
L'Histoire a de l'avenir !
Sacre de Charles V
Si cette alternative-ci a pour elle un corpus d'arguments aiguisés comme des sabres, elle n'en a pas moins le défaut critique de n'être plus dans l'air du temps depuis la disparition d'Henri V, du moins pour ce qui est du temps médiatique. Les reporters en mal de microsujets de fin d'agapes n'auront pas – hélas ? – à faire rosir leur cuir dans l'autre hémisphère pour égratigner un peu plus notre image déjà fort abâtardie par les mouvances nationalistes d'inspiration maurassienne. Ils descendront simplement dans la rue, dans notre capitale, pour mieux remonter dans un deux pièces ordinaire et y rencontrer l'énième auteur d'un livre : Jean, fils cadet du duc d'Orléans. Mais revenons quelques années en arrière. De son vivant, feu le duc d'Orléans père, Henri, celui que l'on connaît surtout par ses frasques et dilapidations, héritier des traditions orléanistes de prétention à la Couronne de France, avait cru devoir modifié l'ordre successoral de cette dynastie parallèle en conférant à son petit-fils, le fameux Jean, le titre usurpé de duc de Vendôme et surtout en le faisant son dauphin au nez et à la barbe de son fils aîné, Henri et du fils aîné de celui-ci, François, frère de l'autre. C'est vous dire l'ambiance régnant au sein de cette famille.
Le duc d'Orléans
Fort de cela et du soutien d'une certaine frange de ce qui reste de l'Action française aujourd'hui, Jean aura eu la témérité de se croire en droit de prétendre à son tour à la Couronne de Saint-Louis ! Cela se traduisit pas quelques actes discrets, tels que voyages en nos belles provinces, création de l'association Gens de France, et tout récemment, la parution de ce fameux livre, des entretiens pour être précis, sous le pseudonyme malheureux « Jean de France ». Voilà donc le sujet qui servira d'entremets à nos avides vautours cathodiques. Nous ne l'avons pas lu et ne le lirons pas. Nous savons juste que le prince Jean y revendique l'héritage de la monarchie de Juillet. Mais nous sommes tombé par hasard sur ce reportage de France 2 et en avons conçu paradoxalement quelqu'espoir pour notre cause. En effet, le sujet est aussi plat que le prince, très mal préparé, que l'on voit dans une vie quotidienne assez terne où celui-ci nous présente son vélo, son bouquin et quelques bibelots, et prétend d'une voix plus que molle croire à la restauration de la royauté ! On y verra le bouffon autoproclamé, et très vendômiste, Stéphane Bern ne pas infirmer cette vision unipolaire du royalisme. Le sujet se clôt par ce commentaire ironique : « (les royalistes) croient au retour de la monarchie comme on croit au Père Noël ! ». Accablant ! À la limite de la correction de mise à l'égard d'un prince de son rang et,bien que fidèles à l'aîné des Capétiens, Louis XX, nous sommes les premiers à nous en émouvoir. Mais passons...
Jean d'Orléans
La trouble émotion passée, nous avons rapidement considéré ceci :
D'une part, la maison d'Orléans, par le fait notamment de s'étaler dans une certaine presse et résidant à Paris, dispose d'une tribune sensiblement plus large que le discret secrétariat de SAR le prince Louis qui ne vient en France pour des déplacements officiels. On peut ajouter à cela qu'elles est divisée, et soutenue par des mouvances souvent proches de l'extrême-droite bien qu'il y ait un effort dans le sens libéral du côté du prince Jean. Il en résulte que beaucoup de jeunes chez qui le sentiment royaliste commence à poindre se tournent vers l'orléanisme, par ignorance de la branche légitime des Bourbons. Mais on peut supposer que l'image catastrophique véhiculée par les médias concernant ces princes, et à laquelle ils contribuent eux-même, en plus des scandales et des divisions familiales, des divisions qui en découlent dans les mouvements qui ont fâcheusement tendance à se subdiviser encore jusqu'à la micronisation, enfin, de toute cette confusion malencontreuse, refroidisse passablement les impétrants.
Couronne du Dauphin
C'est une chance. Pour les légitimistes. Ces failles multiples, cette innocuité sinon cette contre-productivité peut, doit être le trébuchet vers le royalisme légitimiste dont nous sommes les tenants farouches. En clair : il est temps de profiter de l'incurie de cet orléanisme protéiforme pour agir avant que ne se perdent ou s'estompent trop de vocations déçues ! Nous avons la chance de disposer d'instances uniques dont le rôle est clairement défini. Chacun, au-delà des différences naturelles d'opinions, oeuvre dans le même sens. L'Institut de la Maison de Bourbon, crée par feu le roi Alphonse II, dont le protecteur est actuellement le roi Louis XX en personne, Le Mémorial de France à Saint-Denys présidé par le duc de Bauffremont, L'Union des Cercles Légitimistes de France qui irradient dans les régions. Il serait temps que cette grande machine, forte des arguments que lui confère la Légitimité et d'un roi bien réel, reconnu par les grands de ce monde et dont la personnalité est remarquable, se mette en branle et achève de diluer les derniers reliefs de ses contradicteurs définitivement enchaînés au passé le plus trouble ou parti s'enliser dans la politique oecuménique de Bruxelles. Nous avons confiance dans ce grand réveil et nous gardons de vouloir le brusquer de peur de provoquer une mauvaise humeur. Le temps joue toujours en notre faveur.
Louis XX et la princesse Marie-Margueritte
Nous avons et aurons toujours l'Histoire de France avec nous, elle ne ment jamais. C'est notamment à travers elle que nous gagnerons les coeurs à notre cause. C'est elle qui éprouve les systèmes, les idées et jusqu'aux individus. C'est elle qui légitime la royauté. C'est encore elle qui invalide la République, la Tyrannie*, les Orléans, le nationalisme autant que le socialisme, Maurras autant que Jaurès. C'est elle surtout qui fais du duc d'Anjou l'aîné salique de tous les descendants de Hugues Capet, l'héritier de Clovis, le roi ! C'est par elle que nous devons faire répondre la République de ses actes, les Orléans de leur félonie. L'Histoire a de l'avenir !
*Premier et Second Empires
dimanche 1 novembre 2009
Vilain égaré
Empusa pennata
Quand en plus de la légitimité dynastique la plus établie, le nom même de la maison du prince est attaquée de front, bêtement et sans grâce, nous montrons de l'impatience, certes, et bouillons, pour ainsi dire, d'une colère blanche. Nous ne découvrons pas aujourd'hui que la toile capte divers insectes fort déplaisants, mais l'araigne universelle veille et ce ne sera pas cette fois impunément que ces clystères zoologiques auront agressé nos pupilles esthètes et nos coeurs nobles.
Mais très vite, nous ne pouvons réprimer un sourire apaisé tant on attend de cette calamité les effets promis par le proverbe, patiemment, considérant les paroles (scrollez) de l'anoure par qui le scandale arriva avec la compassion de mise relativement aux effets inverses qu'elles vont produire. Il nous vient alors presqu'aussitôt la récompense ! Il suffisait de se demander pourquoi et comment un homme est capable de se précipiter délibérément dans un tel abîme de grossièreté et d'ignorance. La réponse nous vient comme une divine évidence : l'animal est à bout de souffle, ses réserves de bile sont sur le point de s'épuiser et il crache ses dernières humeurs dans un gargouillis piteux, s'éclaboussant lui-même. Ce désastre est le sien et, veut-on croire, annonce celui des autres ! Alleluia !
Bufo bufo
Mais maintenant que tout danger est écarté, penchons-nous chrétiennement sur sa fange, qu'on ne puisse pas dire qu'il a mérité une totale indifférence. Voyons, voyons... le sujet, pour, ceux qui n'auraient pas suivi, consistait à récuser la légitimité du duc d'Anjou comme aîné salique des Capétiens et donc héritier des rois de France, et à nier l'existence d'une maison de Bourbon.
Recette : Tout d'abord faite sortir des Napoléons, pas les pièces, de votre béret ou de votre calot, au choix. Placez-les dans la chapelle Saint-Louis des Invalides, plutôt vers le fond, et saupoudrez de quelques Orléans. Rendez le tout transparent et attendez la Messe annuelle, où le prince Louis représente officiellement et personnellement son ancêtre Louis XIV, pour les faire sauter. Déguisez-vous ensuite en un conglomérat aussi informel que virtuel intitulé « les familles royales européennes » et criez bien fort que vous ne reconnaissez pas la prétendue maison de Bourbon, maison, pas au sens de bâtiment bien sûr, et c'est là que vous en voulez pour preuve votre présence à des mariages ! Faites revenir. Réessayer. Enfilez sans plus attendre une jolie robe de parlementaire le plus anti-monarchiste qui puisse se faire et faites croire à vos petits camarades de récréation que la constitution non écrite du royaume de France, issue d'une loi salique remontant aux premiers siècles et forgée par les puissants Capétiens, réputée intangible depuis la fin du Moyen-âge et réglant définitivement la dévolution de la Couronne n'est en fait qu'une dérogation au droit public ! Attendez patiemment qu'ils digèrent et réessayer jusqu'à ce que lassitude s'ensuive. Inventez de nouveaux vices ou encore transposez des notions modernes dans notre passé historique et faite monter en sauce. Vérifiez bien que vous vous êtes contredit au passage. Ayez suffisamment de sens acrobatique pour faire dire à des documents historiques ce qu'ils ne disent pas. En l'occurrence, des lettres patentes. Dites, par exemple, que ces lettres faites pour renforcer et garantir un effet naturel des lois fondamentales dans un monde incertain sont en réalité la preuve que ces lois n'existent pas. Faites ensuite semblant de ne pas comprendre qu'un prince étranger aux XVIe et XVIIe siècles signifie étranger à la Maison de France. Niez l'évidence avec obstination ! Remuez en espérant qu'elle disparaîtra d'elle-même. Faites une ou deux considération sur ce qui ne vous regarde pas là où vous les faites, puis employer le premier terme grossier qui vous vient à l'esprit quand vous songez à votre cas. Signez de votre vrai nom ou d'une croix, amen, et retournez dans votre dimension. Fin de la recette.
En somme, à quelque chose malheur est bon !
samedi 31 octobre 2009
Zone piétonne
Catoneo a publié ceci le 29, avec pour titre Légitimisons ! :
« La querelle des princes au sein de l'infanterie royaliste ne diminue jamais d'intensité. En tous échanges elle surgit. Que le prince fasse, et plus encore qu'il s'en abstienne, et la roue reprend des tours. La chronique n'est pas épargnée. "Légitimiste" me lance-t-on ici. "Oecuméniste" ailleurs. "Orléaniste" plus loin. La totale étant "agnostique maurrassien", sulfureux en diable. Malgré une propension naturelle à la contemplation, que je combats, je suis adepte du mouvement plus que du vitrail. Le mouvement c'est l'action, le vitrail c'est le soleil dehors ; ça le fait tout seul. Militant providentialiste est un paradoxe. D'où l'ennui de la Charte de Fontevrault par exemple. A tout faire autant être survivantiste, c'est plus excitant, un peu Da Vinci Code et terriblement mérovingien.
Légitimisant, je m'intéresse au prince Louis et j'en ai du mérite. Il serait venu aux Invalides ce 20 septembre pour la messe annuelle de fondation, sans tambour ni trompette pour des raisons de sécurité sans doute. Si j'osais une question, je l'adresserais à son secrétariat : Quel est le fondement de la démarche consistant à faire venir l'aîné des Capétiens aux Invalides en toute discrétion pour y rencontrer le gouverneur militaire de Paris, deux généraux, l'évêque-aumonier des armées, le président du Sénat et quelques convaincus ? J'exagère un peu, on y a vu Charles-Emmanuel de Bourbon-Parme en famille et même Jacques d'Orléans. Il y avait "messe" sur l'agenda, pas "écrouelles". Au fait, a-t-il visité l'Institution ?
Si les autorités qui savent vivre ont salué le "fils de saint Louis", elles ne sont pas venues expressément pour lui, mais par devoir d'Etat.
Qu'on ne se méprenne pas. Le retour du roi - je sais que pour nombre de légitimistes ce n'est pas le but - ne se fera pas par la haute fonction civile, encore moins militaire. Si par temps de troubles, des "velléités de changement" étaient détectées chez le personnel de pouvoir, la gendarmerie y mettrait bon ordre en embarquant au saut du lit ce joli monde convaincu de conspiration. En revanche, ce que l'on pourrait attendre à ce niveau de l'Etat est la neutralité, et à mesure de la progression, une empathie. Le roi ne reviendra, à l'issue d'un long travail de vulgarisation de l'institution monarchique dans l'Opinion, que sur la jolie définition de La Tour du Pin : le droit du prince naît du besoin du peuple. Il faut donc créer ce besoin. Les Invalides sont un sympathique coup d'épée dans l'eau.
Comme le roi de France n'existe réellement qu'oint, le prince en situation de le devenir n'existe comme tel que s'il "fait le prince". Prince politique. Et avouons-le, nous en sommes loin du côté de Bourbon. Il est plus souvent acclamé comme l'aîné des Capétiens que comme alternative institutionnelle. D'ailleurs de ce côté-là c'est le grand flou. L'UMB ne moufte pas. Le Politique d'abord de Charles Maurras terrorise. On ne saute pas du bénitier comme ça. Dieu sait, qui inspirera son lieutenant... et puis, vous m'ennuyez avec vos questions, vous ne comprenez rien au légitimisme.
Je suis abonné à la Gazette électronique de l'UCLF et ne fut avisé qu'après coup de la journée du 20 septembre, ou bien je n'ai pas piqué la news (c'est possible). Aurais-je tendu le micro sinon ? Plus sûrement j'aurais glissé un billet à l'insu du team, dans lequel j'aurais exercé sans vergogne mon droit de remontrance, absent des lois fondamentales mais inscrit ultérieurement à la panoplie du citoyen contribuable :
En l'absence de recommandations suivies du noyau fondamentaliste français pour une approche politique de la fonction offerte à vos espérances, il serait avisé que vous caliez un axe de propagande (changer le vilain mot) maintenu par un vrai secrétariat politique, convenablement staffé de professionnels actifs, qui communiquerait aléatoirement sur les questions institutionnelles - la réforme territoriale en cours est importante, la dette keynésienne aussi - et qui préparerait deux interventions annuelles du prince sur des sujets majeurs - complot du réchauffement planétaire, antagonismes civilisationnels, ...-, en prenant soin d'éviter les questions sociétales sensibles qui ne promeuvent que la dispute et pas le prince. Il serait productif d'organiser un "point d'orgue annuel" en dehors des commémorations usuelles et usées, quelque "roche de Solutré" en Bourbonnais*, qui exploiterait le charisme naturel et la bonne forme physique du titulaire, à l'intention de promouvoir l'affect populaire en dehors des églises. Fin.
*c'est une image !
Mettre la chose en musique convoque moult talents, mais il reste indispensable de parfaire l'expertise politique du prince, mécanicien bancaire ne suffira pas. La question à vingt bolivars qui est restée dans le micro, la voici :
« Monseigneur, de tout cela, en avez-vous envie ? » »
Couronne des funérailles de Louis XVIII
J'ai répondu cela :
« En tout premier lieu, merci ! Vous avez raison. Toute la véhémence dont sont capables les hussards blancs autoproclamés est déployée dans la querelle irréductible qui oppose les tenants d'une conception ou d'une autre, et dont aucune n'est immaculée. Soit . Je bats ma coulpe humblement, n'étant jamais le dernier à croiser le fer de la légitimité avec celui d’un incertain pragmatisme. C'est comme de finir une boîte d'After Eight entamée, je ne peux hélas pas m'en empêcher.
Mais comment réconcilier ceux qui soutiennent la royauté par fidélité au roi et ceux qui soutienne un prince, quel qu’il soit, par désir de la royauté ? La ligne de front est d’autant moins nette dans ce petit monde, ou dans ce monde petit, que l’on s’oppose encore sur l’identité du roi, pour les premiers, du prince pour les seconds ! A ces divisions croisées, viennent s’ajouter les caprices individuels, j’entends par là des marottes sans rapport avec la royauté et sa restauration éventuelle, tels que religiosité entreprenante, national-corporatisme sépiatique à l’envie et autres preuves de virilité qu’il serait fastidieux de décrire ici, mais que l’on entend parfois nous faire avaler avec le bébé, si je puis me permettre.
Puisque nous légitimisons, voyons pourquoi ce drôle de club, qui paraît tantôt frappé d’un mysticisme royal délirant, tantôt d’un stoïcisme dégagé à faire pâlir le loup de Vigny, soupçonné d’internationalisme princier et de haine pour telle branche maudite par tant de péchés plus originels les uns que les autres, semble hermétique à la grande mouvance royaliste telle que conçue et théorisée ailleurs que chez lui. Il est vrai que joue assurément la simple peur d’être associé par le combat qu’on mène (ou qu’on aimerait mener) à une idéologie déjà plus très en vigueur au siècle passé et carrément surannée aujourd’hui, dont on a de plus vu les tenants tomber dans tous les chausse-trappes de l’histoire contemporaine. On peut aisément le comprendre. Reste l’argument de l’union qui fait la force. Mais la force de qui ? Comment blâmer ceux qui ont un prince intangible de répugner à lutter aux côté de ceux qui ne sont pas très sûrs d’en avoir un mais dont le noyau dur est constitué de fidèles à une autre maison et ne se prive pas de le faire connaître ? Si l’on ajoute à cela le fait de n’être pas si convaincu d’appeler de ses v?ux le même ordre social, ou sociétal, pour autant qu’on ait une idée à ce propos… Ils ne manquait plus que s’ajoute à tous ces sujets de méditation celui que constitue le spectacle actuel de subdivisions en factions tutti frutti des mouvements se maintenant déjà avec peine auparavant, le tout avec des relents de haine et de ranc?urs, peux attractifs vu de l’étranger si j’ose dire.
On comprend peut-être mieux pourquoi le légitimisme, pétrifié par la vision de ce qui se passe chez le voisin, avance à une allure de gastéropode hémiplégique en matière de combat politique et de théorisation de la chose publique. Il faut néanmoins rendre à César ce qui est à César et lui concéder que Le Mémorial de France à Saint-Denys conjointement avec l’Institut de la Maison de Bourbon n’ont pas seulement, par leur travail patient et semé d’embûches, ?uvré au bénéfice du syndicat des fleuristes et marbriers, mais bien réancré la vieille monarchie française, non pas dans le paysage républicain, mais sur son sol, dans ses symboles sacrés, au vu et au su de tous. C’est énorme et je m’offusque que l’on sous-estime, voire que l’on méprise cela. Qui l’aurait fait à sa place ? Chacun a sans doute déjà sa réponse.
Louis XX à Saint-Denis
Quant au roi, Louis XX pour les malvoyants, il est tout ce que peut rêver un royaliste aujourd’hui. Pourquoi ? Parce qu’il ne s’engage pas dans un combat politique qui lui ferait prendre position face à une partie des français et qui du même coup invaliderait l’argument principal de la royauté, outre la légitimité de laquelle bien peu font cas, qui réside dans le fait que le roi est au dessus des partis et qu’il représente tous les Français. Il est discret et ne s’attarde pas dans une vaine poursuite du vent des titres, prédicats, ordres et autres armoiries. Comme l’a dit son père avant lui, il « est » . Traduction dans la réalité : tout vient à lui de cette sorte sans qu’il ait jamais à lutter et à s’étaler pour cela dans une presse de caniveau ! Puisse le roi rester en paix pendant que nous servons.
Nous servons ? C’est là mon cher piéton qu’à mon sens, tout comme au vôtre il me semble, le bât blesse. Mais hélas il est l’heure de retourner à mes topiaires. »
Nous avons convenu ensuite qu'on ne demandait pas au duc d'Anjou de faire de la politique intérieure mais quil ne serait pas inintéressant qu'ils s'exprime sur de grands sujets planétaires, ce qui me paraît acceptable.
À plus d'un titre
Tout comme les princes, l'argent possède un titre. Celui-ci indique la proportion de métal précieux dans l'alliage nécessaire et était jusqu'à récemment garanti par un poinçon spécifique. Mais les meilleurs usages se perdent de nos jours en matière d'authenticité et ce qui vaut pour l'orfèvrerie vaut également hélas pour nos princes. Si je parle d'argent, et de princes, c'est que j'ai eu le plaisir de retrouver au fond du tiroir d'un guéridon un objet qui fut dans mes jeunes années un genre de talisman, matérialisant la profonde et subtile intuition qui se dessinait en moi depuis l'enfance et qui se résume très bien en un mot, la légitimité. Ce fétiche d'adolescent en quête de références culturelles et philosophiques originales au sens littéral n'est autre qu'une pièce de cinq pesetas en argent de 1898, représentant à son avers le jeune roi constitutionnel Alphonse XIII de profil et à son revers, les armes de celui-ci. Par quel mystérieux caprice mon inspiration intellectuelle allait-elle m'attacher sentimentalement à cette monnaie étrangère et abîmée, qui ne miroite même pas de l'éclat ensorcelant de l'or ?
Au-delà de la simple grâce que le graveur a su conférer au visage du jeune garçon et qui le rend si émouvant, cette pièce recèle un trésor symbolique caché qui renvoie à une page essentielle de notre histoire, de celles dépourvues d'images bariolées que le commun passe sans les voir. Mais remontons de quelques années. Le 24 août 1883, le comte de Chambord, Henri de France, dernier des descendants du roi Charles X et héritier de la Couronne, s'éteint en exil à Frohsdorf , Autriche, sans postérité. C'était après une tentative manquée du Maréchal de Mac-Mahon, alors président de la République et fort d'une assemblée en majorité royaliste, pour restaurer la monarchie. L'Histoire de France, si féconde en situations désespérées où, dans une nation divisée, elle met en grand péril le camp légitime pour mieux le faire triompher ensuite, va susciter une question qui n'aurait jamais dû être posée, mais qui le fut. Qui succède à Henri V dans ses droits à la Couronne ?
Henri de France, comte de Chambord
Si cette question n'aurait pas dû être posée, c'est qu'en France, le roi est saisi automatiquement par la mort du précédent roi par le truchement des lois fondamentales du royaume réputées intangibles. Le successible est donc désigné par le droit royal historique qui, en cas de disparition sans postérité, appelle le collatéral le plus proche par ordre de primogéniture mâle, à l'infini ! De plus la Couronne est réputée indisponible, ce qui signifie que nulle volonté humaine, fut-ce celle du roi lui-même, ne peut modifier cet ordre, autrement dit légitimer ses bâtards royaux, abdiquer ou renoncer à ses droits pour lui et a fortiori pour ses descendants. Ces lois impliquent également que ce doit être un prince français, ce qui signifie qu'il doit appartenir à la Maison de France, celle-là même que l'on désigne par le nom de Capétiens. Ainsi Henri III avait transmis la couronne à son cousin Henri de Navarre. Et c'est là qu'on se dit que tout va pour le mieux. Qui est-ce ?
C'était sans tenir compte des poisons insidieux distillés dans la société française au fur et à mesure que les régimes et les révolutions se succédaient, apportant leur lots de confusion et de contradictions, leur bataillons de défenseurs échevelés de tel ou tel nouvelle idéologie, leur jeux de neuves et changeante fidélités. Que valent des droits face aux faits ? Ce sont pourtant ces mêmes faits qui vont engendrer une mouvance se réclamant elle-même du droit. En effet, par l'usurpation d'un trône fort enbourgeoisé de Louis-Philippe d'Orléans, roi des Français, rejeton du citoyen doublement parricide Égalité, les successeurs de ce celui-la ne démordrons plus de leur tout nouvellement acquis droit à la Couronne. Deux traditions ? Même pas...
Philippe de France, roi d'Espagne
Mais revenons à la mort du comte de Chambord et à nos lois de dévolution de la Couronne. Elles sont alors sans appel et désignent l'aîné des descendant de Philippe de France, duc d'Anjou, que Louis XIV, son grand-père avait eu grand peine à placé sur le trône ultra-pyrénéen du Habsbourg Philippe IV dont il héritait par sa grand-mère, la reine Marie-Thérèse d'Autriche. Ce prince est Jean de Bourbon, comte de Montizón, prétendant carliste en Espagne et désormais Jean III de France de jure. En effet, les Orléans, bien que cousins du roi, ne sont qu'une branche cadette issue du frère du roi Louis XIV, Monsieur. Mais le contexte brouillé en France par la tourmente révolutionnaire depuis un siècle les place au premier plan et ils héritent, sinon des droits, du moins de la place qui reste à occuper. De fait – peu peuvent avoir raison et beaucoup se tromper – une majorité des légitimistes français fusionnent avec les orléanistes pour soutenir le duc d'Orléans, jadis titré « comte de Paris » par l'usurpateur. Inutile, je pense, à ce stade de préciser où, dans cette affaire, je place la légitimité.
Lorsque Philippe de France devint roi des Espagnes, il fit mettre dans ses armoiries un écusson sur le tout aux armes d'Anjou, son titre français. Ces armes sont de France à la bordure de gueules. Le destin laisse de petits cailloux blancs. On retrouve, à quelques détails de blasonnement près, ces armoiries au revers de ma pièce de monnaie. Cependant, un examen attentif permet de voir que l'un de ces détails est parlant. l'écusson d'Anjou a tout simplement perdu sa bordure de gueules, ce qui signifie que c'est désormais un écusson d'azur à trois fleurs de lys d'or, soit un écusson de France ! En 1898, la nouvelle branche aînée ne badine pas avec les symboles. Cette acte discret pour le néophyte, est lourd de conséquences pour la suite, nous auront l'occasion d'y revenir. Pour l'heure je vais m'employer à décrasser mon trophée retrouvé afin que quelqu'éclat arraché au vieux métal vienne se perdre dans mes yeux confiants et rassérénés.