lundi 5 juillet 2010

Saxe-Hussards, cercle légitimiste


Mutigney

La mouvance légitimiste se dirige vers un tournant de son histoire. Cette mouvance royaliste avait repris de la vigueur grâce à l'engagement personnel de feu Sa Majesté le roi Alphonse II et de ceux qui ont su le conseiller. Vingt ans après, le légitimisme ressemble à une grande jachère. Une jachère fleurie où toutes sortes de variétés de fleurs se démènent pour atteindre le soleil, où toutes sorte d'insectes viennent butiner pour faire leur miel dans une joyeuse confusion d'où ne ressort aucun grand projet commun. Sous prétexte de légitimisme, chacun vient faire valoir ses opinions souvent tranchées en matière de religion, d'institutions, d'organisation de la société, de mœurs et que sais-je encore. Chacun agite là un étendard qui n'est en aucun cas celui du légitimisme, le légitimisme n'étant par lui-même que la fidélité aux lois fondamentales et au roi qu'elles désignent. Il suffit de voir les quelques personnes dont s'entoure le roi pour comprendre que certaines chapelles légitimistes sont hors jeu. Il suffit d'entendre les récentes déclarations du roi pour se convaincre que les vieilles crispations rétrogrades et le mysticisme échevelé n'ont plus leur place au sein de ce qui pourrait être une grande mouvance légitimiste unifié, et pourquoi pas, un mouvement légitimiste projeté dans l'avenir, efficace.

Nous ne cautionnons pas davantage les tendances parlementaristes les plus libérales dont la philosophie est incompatible avec l'idée monarchique. On ne se bat pas pour un roi d'opérette. Reléguer le fils de Saint Louis au rang de fantoche serait la pire insulte faite aux Capétiens. C'est donc à chacun de faire un pas l'un vers l'autre. Nous ne pouvons plus concevoir le légitimisme comme étant associé à une religiosité anachronique et dont l'effet repoussoir sur la population est avéré, non plus que nous ne pouvons admettre des schémas sociaux idéalistes tels que la décentralisation intégrale, le corporatisme roi, la cellule familiale comme pilier, etc. sans aller à l'encontre de l'intérêt du roi et, qui plus est, renier tout le travail accompli par ses prédécesseurs pour dégager l'État moderne de toute cette antique stratification de la société française.

Nous ne pouvons pas non plus renoncer aux valeurs et aux symboles qui nous semblent intrinsèques à la royauté française. Mais le roi Louis XX lui-même vit avec son temps et il doit être le roi de la France d'aujourd'hui. Notre objectif à nous, légitimistes, c'est de préparer celle-ci du mieux que nous pouvons à l'idée du retour du roi. Cette mission est un objectif exclusif des légitimistes. Toutes les réflexions et les actions qui peuvent avoir lieu autour de cet objectif doivent être exemptes des parti-pris, des préjugés politiques et des jugements d'ordre moral susceptibles d'être une source de division des légitimistes. La priorité absolue des légitimistes est l'unité. Cette unité du pays que nous attendons du roi nous devons commencer à la faire nous-même autour de lui. Il serait vain de croire à un éventuel retour du roi en l'état actuel de la mouvance légitimiste.


Emblème de Saxe-Hussards

Saxe-Hussards se constitue en cercle et entend s'efforcer de tendre vers l'équilibre qui pourrait peut-être un jour réunir les légitimistes autour d'un projet commun. Intransigeant sur le légitimisme en tant que tel, la fidélité au roi légitime, ouvert et tolérant sur tout ce qui n'est pas de nature à hypothéquer le combat légitimiste. Dans cette perspective, nous sommes heureux de vous annoncer la création d'un nouveau site légitimiste. Le site de Saxe-Hussard, cercle légitimiste, vient d'être mis en ligne.


Drapeau de Saxe-Hussards

samedi 3 juillet 2010

Légitimisme pur


Louis XX examinant les fragments de la Sainte Ampoule
brisée par Philippe Rühl le 7 octobre 1793 à Reims.



Notre civilisation

Une civilisation est comme un être vivant, elle naît, grandit et devient adulte puis elle vieillit et, si l'on n'y prend garde, elle meurt. Cela, l'Histoire nous l'enseigne. Mais toutes les civilisations n'ont pas la même longévité et rien n'empêche leur mort prématurée si elles subissent des chocs violents qui la traumatisent et finissent par l'amener à une lente et pénible agonie : la décadence. Ces chocs violents peuvent être les invasions, les guerres, une trop grande instabilité politique, mais aussi et surtout les révolutions. L'héritage mortifère des révolutions est un poison susceptible de gangréner et pourrir les civilisations jusqu'à leur terme fatal. De nombreux pays dans le monde ont eu à subir le choc des révolutions, leurs civilisations sont aujourd'hui moribondes, près de disparaître, faisant place à un présent privé repères et plein d'incertitudes quant à l'avenir.

Nous tenons à la civilisation qui est la nôtre. La civilisation française à commencé de naître alors qu'agonisait l'empire romain. Après quatorze siècles d'évolution et plus de cent rois, elle fut éprouvée par plusieurs révolutions suivies de régimes délétères, que ce soit les sanglantes tyrannies impériales ou encore les sombres républiques bourgeoises cumulant les pouvoirs politique et financier et annonçant encore bien d'autres bouleversements terribles. Nous voulons penser qu'en l'état actuel des choses il est encore possible de sauver notre civilisation et nous reprendrons, en partie, à notre compte ces paroles de Saint Pie X : "La civilisation n'est plus à inventer... Il ne s'agit que de l'instaurer sur ses fondements naturels et divins contre les attaques toujours renaissantes de l'utopie malsaine, de la révolte et de l'impiété : Omnia instaurare in Christo" citées dans l'avant-propos du Manifeste légitimiste de l'Union des cercles légitimistes de France par Hugues Saclier de la Bâtie, bien que nous n'entendions aucunement restaurer un ordre chrétien exclusif ni aucun autre ordre de nature religieuse en France.

En revanche, nous pensons que Maurice d'Andigné s'est presque totalement fourvoyé en déclarant : "Avant d'être royaliste, je suis catholique et français. Je dirais même que je ne suis royaliste que parce que je suis catholique et français." C'est là subordonner la cause royale au fait religieux et à la notion moderne de nationalité. C'est méconnaître notre Histoire et comment nous sommes venus au Monde. La France éternelle que nous voulons défendre trouve son origine dans la royauté franque. La dignité royale dans la Francia* originelle des Francs préexiste à la christianisation des Francs, c'est notre toute première institution, et c'est surtout par cette royauté, bien davantage que par le christianisme que s'est forgée notre nation, même si celui-ci y a joué un grand rôle. Cette vérité historique se traduit aujourd'hui par une réalité de fait, sa conséquence naturelle : on peut être royaliste et ne pas être catholique, on peut être catholique sans être royaliste, loin s'en faut. Des deux assurément les premiers sont les plus français !

La religion, comme l'athéisme, est une affaire de conscience pour chacun d'entre nous. Nous, hussards du roi, ne sommes pas des croisés et encore moins des missionnaires ! Notre combat commun est celui de la restauration monarchique réelle dans le pays réel. Un combat pour nos racines les plus profondes, pour ce qui est le socle originel le plus intime de notre nation : la royauté. En cela nous rejoingnons partiellement Maurice d'Andigné : Nous sommes royaliste parce que nous sommes français. Mais nous ne parlons pas de n'importe quelle France, nous ne parlons pas de la notion moderne de nationalité française. Nous parlons de la France que nous voudrions éternelle, celle qui a un destin historique et même méta-historique à accomplir. Nous ne parlons en aucun cas de la France chaotique et avilie par la Révolution qui se perpétue encore de nos jours avec la Ve République. Pour nous Louis XX, bien que né à Madrid, vivant à l'étranger et ayant un fort accent espagnol, est bien plus français que n'importe lequel d'entre nous. Il est le sang de France.



Massacre des gardes lors de la révolution de 1830

La Révolution

Il y a donc selon nous deux sortes de Français : ceux, le petit nombre, qui sont fidèles à leur histoire, et qui tente de continuer de l'écrire sans complaisance pour l'époque que nous traversons, et ceux, aveuglés par les promesses mirobolantes de la Révolution, qui se laissent entraînés dans la faillite inexorable d'une France dénaturée, hélas le plus grand nombre. Nous voulons croire que cette France apparemment en faillite est l'expression de l'adolescence de notre civilisation et non de sa fin imminente. Elle commence par une attitude de défiance vis-à-vis de la monarchie traditionnelle, symboliquement, la paternité. Et elle va jusqu'au meurtre du père, l'assassinat de Louis XVI. Elle se poursuit par une attitude dangereuse et ambiguë, tiraillée entre des attirances incompatibles vers le confort de la facilité représenté par des privilèges appelés libertés d'une part, et par la séduisante et ténébreuse dureté morale représentée par l'ordre et l'imperium d'autre part.

Cette dualité gagnera l'Europe entière, puis le monde. Autrement dit la Révolution deviendra mondiale et l'on verra les conséquences funestes de celle-ci dans les aspects les plus extrêmes que revêtira cette dualité. On verra encore toutes sortes de gens et de castes pour tirer partie de ces grands déséquilibres en termes de richesses et autres avantages matériels ou flatteurs pour l'ego. Mais les effets dévastateurs à long terme de cette orgie commence déjà de se faire sentir et la paupérisation généralisée des populations de la planète, y compris dans les pays développés, annonce de redoutables cataclysmes et des jours bien sombres.

Nous, royalistes légitimistes, luttons avant toute autre chose pour le roi légitime, pour la restauration de la monarchie, pour la suprématie des Lois fondamentales du royaume, en d'autre termes, pour le rétablissement de l'équilibre en France par l'Unité. Seul un roi peut permettre cette Unité. Nous pensons avec Saint Thomas que :"Rien n'est plus propre à assurer l'unité que ce qui est un par soi". Nous pensons que ce serait là pour notre civilisation une façon de se réconcilier avec son père, le moyen de devenir enfin adulte. Nous voudrions que la France assume la royauté qui est la sienne et soit en mesure de puiser à nouveau dans le trésor de ressources que cela représente.



Henri de Guise (1550-1588), fondateur
de la Sainte Ligue


L'ornière religieuse

Nous n'avons aucunement la prétention de "restaurer le règne politique de Notre Seigneur Jésus Christ" selon le mot d'Hugues Saclier de la Bâtie. Nous croyons que les voies du Seigneur sont impénétrables et que Son règne viendra en son temps, voulu par Lui. Notre ambition est plus modeste et tiens compte des réalités du monde physique dont nous sommes irrémédiablement tributaires. Cette contrainte est aussi dans un enseignement du Christ : "Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu." Matthieu 22.21. Notre combat se limitera donc à restaurer le règne politique du roi. Nous ne sommes pas des moine-soldats, nous sommes les hussards blancs de Sa Majesté.

Nous insisterons donc sur trois réalités majeures :

• D'abord, l'Histoire de France nous enseigne que les intérêts de l'Église et ceux du roi furent longtemps antagonistes et l'objet de véritable luttes, et que le pouvoir royal s'est souvent affirmé au détriment de la papauté. Ce au point qu'apparaisse une doctrine religieuse et politique sous-tendant l'organisation d'une Église catholique de France largement autonome du pape, le gallicanisme, qui, bien que fidèle à l'Eglise de Rome, affirmait la spécificité française et notamment la suprématie incontestable du pouvoir temporel du roi dans le royaume.

• Ensuite, force est de constater que l'excès en matière de religion fut souvent la source de catastrophes sanglantes et mit en péril l'intégrité du royaume de France et jusqu'à la royauté légitime. Il suffit de se souvenir des différentes guerres de religions et en particulier de la Sainte Ligue qui fit commettre le plus grand des crimes à nos yeux, celui d'assassiner le roi et de tenter d'empêcher le nouveau roi légitime de ceindre la Couronne ! Donc, point d'excès en religion, nous recommandons la prudence. Nulle religion n'est à l'abri de la folie humaine, en d'autres termes, de ce que nous appelons aujourd'hui l'intégrisme. Tout fanatisme est par essence coupable des graves troubles que par sa nature même il déclenche. Il est la source de la division et du déséquilibre, l'ennemi de la paix et de l'unité.

• Enfin, Nous croyons que le roi est l'incarnation de l'unité de la nation. Or la nation d'aujourd'hui a définitivement perdu son unité de religion. Si de nombreux Français se disent encore catholiques, de nombreux autres sont agnostiques, athées ou encore d'autres confessions les plus diverses. Il serait illusoire, pour être poli, de songer à rétablir une unité de religion en France. Il est nécessaire cependant que le roi représente l'unité de la nation et ce malgré toute la diversité qui la caractérise. C'est pourquoi, si le roi est catholique, il est vain en revanche de combattre pour le catholicisme sauf à faire un prosélytisme dont nous ne voulons pas, étant incompatible avec notre seul vrai combat, notre combat pour l'unité, notre combat pour le roi ! On peut conclure en disant que la religion du roi et celle de ses sujets ne forment plus une unité et que par conséquent, le religieux relève dorénavant de la sphère privée, hormis naturellement le sacre royal et les autres manifestations traditionnelles de nature religieuse autour du roi et de sa famille qui revêtent nécessairement un caractère public.

Après avoir pris conscience de ces trois réalités, nous nous garderons bien de tomber dans le piège d'une religiosité excessive et, en nous libérant de celle-ci, nous nous placerons résolument dans notre époque pour mener un combat d'avant-garde et non plus un combat d'arrière-garde voué à l'échec ! Cette distance, qui n'est pas une rupture, avec la religion catholique romaine dans le contexte de notre combat royaliste autant que notre souci permanent des priorités de ce combat nous amène à une lecture renouvelée de nos Lois fondamentales du royaume.



Le baptême de Clovis Ier à Reims

Les Lois fondamentales du royaume


Les Lois fondamentales du royaume, consacrées par la coutume, sont considérées par nous comme intangibles et supraconstitutionnelles. Elles sont à l'image d'un diamant exempt de toute imperfection et inaltérable. Ce sont ces lois qui règlent la dévolution de la Couronne de France. Parmi elles, certaines sont appliquées dès la plus haute antiquité, d'autres émergent au cours de notre Histoire pour que ce trésor si digne de notre émerveillement nous soit manifesté dans toute sa plénitude. Nous sommes donc amenés à introduire une hiérarchie entre les lois de dévolution de la Couronne liée à l'ancienneté de la coutume qu'elles formalise.

•La loi qui nous apparaît comme la plus antique est probablement la loi de masculinité. En effet, aussi loin que l'on puisse remonter dans l'histoire des Francs, aucune femme n'accède jamais à la dignité royale par elle-même et une femme n'est jamais reine que comme épouse du roi. La loi de masculinité, ou agnation, nous paraît donc primordiale et, outre le caractère guerrier du modèle du roi, peut être encore associée au caractère sacré de la fonction royale, que ce soit le culte païen des Ases ou bien plus tardivement la nature du Sacre royal. Cette tradition est permanente dans toute l'histoire des Francs et de la France et garantit, dans la société patriarcale qui est la nôtre, la continuité dynastique qui jouera un rôle si essentiel dans la continuité de la Couronne, puis de l'État.

• La loi qui remonte également à la plus haute antiquité et qui semble une tradition presque universelle dans l'histoire des monarchies, c'est la loi d'hérédité. Ne peuvent devenir rois que les enfants du roi. Elle fut bafouée seulement à deux reprises dans notre histoire qui vit trois races royales se succéder, donc deux changements de dynastie. Cette loi implique que l'héritier soit un enfant légitime, c'est-à-dire né d'un mariage légitime. Contrairement à la légende républicaine, la royauté ne fut jamais élective à proprement parler. Dans les périodes de trouble ou eurent lieu les changements dynastiques, le roi était simplement acclamé par les grands pour asseoir sa légitimité incertaine. Cette tradition se perpétua avec les premiers Capétiens. Chez les premiers rois francs en revanche, l'hérédité et le partage entre les héritiers était la tradition.

• La loi qui semble naturellement découler de la précédente est celle de la collatéralité. Tous les fils légitimes et descendants légitimes par les mâles des rois sont susceptibles de ceindre la couronne.

• Les deux précédentes lois ayant de fait donné lieu dans l'histoire à de nombreux partages du royaume des Francs, à des guerres fratricides et au morcellement final de l'empire carolingien où il ne restera du royaume des Francs que la France occidentale, et au vu des tentations d'indépendance des principautés territoriales ainsi crées, une nouvelle loi, méditée sans résultat par les derniers carolingiens, est affirmée avec les premiers Capétiens : la loi de primogéniture. Ainsi la dignité royale échoit au premier né des fils du roi ou à défaut à l'aîné des collatéraux et ainsi de suite. Cette loi fit la force exceptionnelle de la dynastie capétienne.

• De cette loi va en découler une autre : la continuité de la Couronne. En effet, le roi étant maintenant automatiquement désigné par la coutume, il est bientôt considéré comme roi dès l'instant ou meurt le roi précédent. À cette loi correspondra l'adage "le roi est mort, vive le roi !". Son importance est capitale. Il n'y a plus d'interrègne et la continuité de la Couronne se confondra bientôt avec la continuité de l'État qu'elle préfigure.

• On n'est jamais trop prudent et afin de garantir la parfaite continuité de la race royale dans l'ordre dynastique voulu par les lois et en vertu de la croyance que c'est par le truchement de ces lois qu'agit la Providence, une loi nouvelle apparaîtra : la loi d'indisponibilité de la Couronne. Le fait que la Couronne soit indisponible implique que le roi ne puisse choisir son successeur, qu'il ne puisse renoncer à la couronne ni pour lui ni a fortiori pour ses descendants, qu'il ne puisse abdiquer. Cette loi grave dans le marbre le principe de toutes les autres lois. Il n'y a désormais plus aucune place pour le hasard dans l'ordre de succession à la Couronne de France sinon la main de la Providence.

• La dernière de ces lois apparut alors que les guerres de religion faisaient rage et impliqua la conversion d'un roi par ailleurs légitime, Henri IV. C'est la loi de catholicité.

Le roi s'engage lors de son sacre à se soumettre et à maintenir les Lois fondamentales du royaume de France. Nous, hussards, nous engageons à défendre ces lois et à les considérer comme d'essence supérieure à toutes les autres, car leur sagesse infinie est le fruit de très nombreux siècles et les conceptions actuelles issues de la Révolution ne sauraient avoir raison d'elles. Par le miracle de ces lois, le roi est bien vivant, il l'a toujours été et il le sera toujours dans l'avenir. Tout espoir n'est pas perdu pour la cause légitimiste soulagée du poids ses scories, L'espérance reste de mise pour la royauté française.

*voir la Tabula Theodosiana.

samedi 19 juin 2010

Les lis naissans


Armoiries du Dauphin de France

Les lis naissans. C'est une mélodie douce pour clavecin composée à la gloire des Fils de France par le génial François Couperin au début du XVIIIe siècle. Une de ces mélodies qui sied à nos ciels de juin qui ne cessent de pleurer... de joie ? En effet, le 28 mai 2010 naissaient à New-York, sur le sol américain, deux Fils de France. Notre vision se réalisa et l'espoir nous revint soudain en voyant la continuité de la Couronne mieux assurée dans la Maison royale de France. C'est sous le ciel des Gémeaux que notre roi Louis XX, aîné salique de tous les Capétiens, eut l'immense plaisir de voir sa femme Marie-Marguerite mettre au monde des jumeaux, deux garçons. La mère et les enfants se portent bien.


Communiqué du secrétariat de Mgr le duc d'Anjou

La naissance de ces fils d'Hugues Capet, de Saint Louis, d'Henri IV et de Louis XIV est une bénédiction pour toute la communauté royaliste fidèle aux Lois fondamentales du royaume. Le premier né, Louis de Bourbon, Dauphin de France, est titré duc de Bourgogne. Il est l'héritier de la Couronne après son père. Le second, Alphonse de Bourbon, est en deuxième position après son frère. Après ce dernier viennent Jean-Charles de Bourbon, roi d'Espagne, puis son fils Philippe de Bourbon, Prince des Asturies. On peut espérer que cette double naissance redonnera l'espoir et la vigueur si nécessaire au courant légitimiste. Nous avons maintenant un famille royale au complet qu'il s'agit de soutenir et dont il faut défendre ardemment les intérêts en ces temps troublés.


Le roi Louis XX portant Louis et Alphonse de Bourbon

Cette naissance de jumeaux royaux, si hautement symbolique, pourra-t-elle conjurer les maléfices qui malmènent les nations et la notre en particulier. La venue au monde de deux princes d'un lignage aussi ancien et aussi prestigieux est un signe pour tous ceux qui croient que l'on peut encore sauver les vieilles nations d'Occident de la désintégration. Elle est un signe pour tous les royalistes les incitant à reprendre le combat, à redoubler d'efforts pour faire connaître et faire aimer notre souverain légitime et ses fils. Elle doit être un signe aussi pour tout les jeunes Français égarés, perplexe et dubitatifs quant au monde dans lequel ils vivent.



La naissance de Louis, duc de Bourgogne, et d'Alphonse, duc de Berry, est un véritable moment d'allégresse. Nous adressons à Sa Majesté le roi Louis XX et à la reine nos très respectueuses félicitations. Nous leur adressons également le modeste témoignage de notre foi royaliste et de notre dévouement. Nous savons que nous pourrons songer à eux dans les moments difficiles. Et il y en aura. Pour l'heure, la postérité semble assurée pour la branche aînée des Bourbons, ce qui réjouit nos cœurs. Grâce à Dieu, l'héritier de la Couronne après Louis XX n'est plus le roi d'Espagne mais le Dauphin de France. Longue vie à Monseigneur le Dauphin !


L'écu du Dauphin

dimanche 10 janvier 2010

21 janvier



Depuis la Francia¹ originelle des Francs, mentionnée dès le IVe siècle dans une carte des routes et des étapes dans l'Empire romain², et jusqu'à lui, la longue suite des rois est ininterrompue de fait comme en droit, fait singulier s'il en est dans l'histoire des nations. Lui, c'est celui que les révolutionnaires ont surnommé Louis le Dernier, en fait, Louis XVI de France. Il ne sera pas le dernier mais bien plutôt le Premier. Le premier dont la fin du règne n'inaugure pas le règne suivant, le premier roi auquel personne ne succède dans l'exercice de la prérogative royale et le premier Capétien mort sans que l'on puisse crier « Le roi est mort ! Vive le roi ! » sauf à être resté fidèle et à voir dans l'enfant du Temple le roi Louis XVII, pauvre enfant maltraité et avili, bientôt mourant.


Louis XVI en habit de Sacre

Louis Auguste de France naît à Versailles le 23 août 1754. Aîné salique des Capétiens, c'est-à-dire de la Maison de France depuis Hugues Capet, à la mort de son grand-père Louis XV, il lui succéde en 1774 comme roi de France et devient Louis XVI. Il prend alors le titre de rex francorum que portaient déjà Clodion et Childéric et qui s'est transmis intact durant près de quatorze siècles jusqu'à lui. La fin du XVIIIe siècle voit donc aboutir la vertigineuse suite des rois de France à ce jeune-homme réservé et affable. L'antique couronne fleurdelisée vient ceindre son front de roi sacré sous lequel se dessinent des yeux pleins de bonté et une bouche timidement souriante. Le peuple aime son roi et le manifeste, le roi aime son peuple et veut son bonheur. Tout semble aller pour le mieux dans la vieille monarchie française.


Louis XVI et La Pérouse

Le roi est soucieux de son peuple et s'attache à moderniser le royaume dans un sens que l'on qualifierait aujourd'hui de social. Son règne est marqué par des réformes importantes concernant le droit des personnes : abolition de la torture en 1781 et 1788, abolition du servage dans le domaine royal en 1779, abolition du péage corporel des juifs d'Alsace en 1784, édit de tolérance des protestants en 1787. Il est aussi marqué par quatre tentatives de réformes profondes du royaume (1774-1776, 1781, 1787 par deux fois) passant par l'instauration d'un impôt direct égalitaire (en remplacement de la taille inégalitaire) et d'assemblées provinciales élues destinées à contrôler cet impôt.³ Ces dernières réformes se heurterons à la classe des privilégiés et cette opposition fera le lit de la Révolution et des monstruosités qui s'ensuivirent, à commencer par la mort du roi.


Le donjon du Temple


Si Louis XVI est le premier à engager de profondes réformes sociales dans le royaume, il sera aussi le premier à mourir lorsque la folie de quelques uns précipitera la France dans la haine d'elle-même et la destruction acharnée de sa propre civilisation. C'est donc bien encore une fois Louis le Premier qu'il aurait fallu le surnommer. Mais les Révolutionnaires n'ont pas de vision. Ils brûlent et tuent parce que c'est leur opium, pour vivre jusqu'au bout le grand frisson du sacricide4. Après une détention dégradante et un procès inique où il est reconnu coupable de « conspiration contre la liberté publique et la sûreté générale de l'État », le roi est définitivement condamné à mort sans sursis par la Convention nationale, auto-instituée en tribunal, le 18 janvier 1793. Le roi est guillotiné le 21 janvier place Louis XV, devenue « place de la Révolution ». Ce n'est pas une simple exécution. C'est un assassinat.


Assassinat de Louis XVI

Cet enchaînement d'actions illégales - la confiscation du pouvoir par les factieux, l'arrestation du roi, l'attaque des Tuileries et le massacre des gardes, la suspension du roi par l'Assemblée, son procès, sa condamnation à mort et son assassinat par la Convention nationale - forment l'acte fondateur de la République. Dès lors la France baigne dans son propre sang qui ne cessera de s'épancher durant la Terreur, puis versé encore dans toute l'Europe sous la tyrannie napoléonienne, enfant monstrueux de la Révolution. La paix et la liberté réelles ne reviendront qu'avec le retour du roi, Louis XVIII. La République et l'Empire ont causé notre ruine et notre perte, leur terme commun semble une bénédiction.


Louis XVI guillotiné

Mais il est déjà trop tard. La chute fut d'une telle ampleur que la France ne mérite pas cette paix et cette harmonie apparemment retrouvées. Tant de sang et d'atrocités, le meurtre du père de la nation, de la reine, le calvaire de l'enfant-roi au Temple, la mort enfin de tant de héros et de tant d'innocents, cela se paye en siècles ! Croiraient-on que les forcenés d'hier voudraient faire amende honorable. Non. Ils persistent. La France est précipitée dans un enfer récurrent par leur faute et sans aucun doute contre la majorité silencieuse des Français qui souffrent tant des épisodes révolutionnaires et des guerres qu'ils provoquent. Cet enfer, c'est la Révolution continuée à travers tout les XIXe et XX siècles. Elle commence seulement aujourd'hui de s'essouffler, de mourir sur la grève de l'Histoire indifférente à son sort.


Louis XVI au Temple

Le recul nous invite de plus en plus à considérer avec mépris la succession des régimes qui jalonnent les deux derniers siècles et qui débouchent tous sur des catastrophes, des révolutions, des guerres civiles des désastres militaires, quand ce ne sont pas des fascismes dégradants. On voit ainsi se succéder la sinistre Monarchie de juillet, la IIe République, le Second empire, la IIIe République, Vichy, la IVe République, et enfin la Ve République ! Quel nouveau séïsme nous attend ? Un chaos économico-civilisationnel ? La chute, enfin, des élites politico-financière ? Non contente de sa propre perte, la France continue de forger sa mythologie républicaine en puisant dans les oripeaux ensanglantés de la Révolution et prétend les porter comme des valeurs universelles au-delà de ses frontières. Les autres nations d'Europe subiront tour à tour le même sort qu'elle, elles seront toutes décapitées, auront toutes à subir les affres des révolutions, seront toutes soumises au joug des régimes totalitaire, et les guerres deviendront générales entre les nations. La Révolution aura déréglé durablement l'Europe.


Louis XVI au pied de l'échafaud

Quel sombre et funeste jour que ce 21 janvier 1793. Pour la France et pour le monde. Cela aura ouvert des portes interdites qui donnent en dehors de l'Histoire et où les nations aveugles sont précipitées. Nous ne pouvons que souhaiter que cette Ve République agonise à son tour et que la place qu'elle commencera de laisser nous donnera l'occasion de renouer avec notre Histoire en restaurant ce que nous avons détruit. Pour conjurer ce jour maudit nous ne pouvons que reconnaître nos errements et vouloir que le roi soit de nouveau placé sur le trône de ses ancêtres. Il n'est pas d'autre voie possible. Manquer cette chance signifierait passer définitivement à côté de notre Histoire et nous acheminer vers la désintégration. La France n'est éternelle que par son roi, nullement en elle-même, car il est le pont entre le fond des âges et notre avenir commun. Notre régression est en partie consommée, l'avenir est bien sombre, notre unique espoir c'est le roi.

1 Francia, traduction latine probable du francique Frankkon, « royaume des Francs ».
2 Table de Peutinger
3 Source : Wikipédia
4 Selon le mot de Michel Koch in Le sacricide.