dimanche 1 novembre 2009

Vilain égaré

On nous apprit dans notre enfance, par la voie d'un adage fameux, qu'il fallait voir dans l'épreuve et la déconfiture quelque chose de nature à en jouir par ce qu'elles nous enseigne ou par quelqu'autre bénéfice collatéral. Cette chose, j'ai mainte fois voulu y croire et j'ai pu vérifier par l'expérience qu'elle méritait qu'on y songe bien. Mais entrons dans le vif !


Empusa pennata

Quand en plus de la légitimité dynastique la plus établie, le nom même de la maison du prince est attaquée de front, bêtement et sans grâce, nous montrons de l'impatience, certes, et bouillons, pour ainsi dire, d'une colère blanche. Nous ne découvrons pas aujourd'hui que la toile capte divers insectes fort déplaisants, mais l'araigne universelle veille et ce ne sera pas cette fois impunément que ces clystères zoologiques auront agressé nos pupilles esthètes et nos coeurs nobles.

Mais très vite, nous ne pouvons réprimer un sourire apaisé tant on attend de cette calamité les effets promis par le proverbe, patiemment, considérant les paroles (scrollez) de l'anoure par qui le scandale arriva avec la compassion de mise relativement aux effets inverses qu'elles vont produire. Il nous vient alors presqu'aussitôt la récompense ! Il suffisait de se demander pourquoi et comment un homme est capable de se précipiter délibérément dans un tel abîme de grossièreté et d'ignorance. La réponse nous vient comme une divine évidence : l'animal est à bout de souffle, ses réserves de bile sont sur le point de s'épuiser et il crache ses dernières humeurs dans un gargouillis piteux, s'éclaboussant lui-même. Ce désastre est le sien et, veut-on croire, annonce celui des autres ! Alleluia !


Bufo bufo

Mais maintenant que tout danger est écarté, penchons-nous chrétiennement sur sa fange, qu'on ne puisse pas dire qu'il a mérité une totale indifférence. Voyons, voyons... le sujet, pour, ceux qui n'auraient pas suivi, consistait à récuser la légitimité du duc d'Anjou comme aîné salique des Capétiens et donc héritier des rois de France, et à nier l'existence d'une maison de Bourbon.

Recette : Tout d'abord faite sortir des Napoléons, pas les pièces, de votre béret ou de votre calot, au choix. Placez-les dans la chapelle Saint-Louis des Invalides, plutôt vers le fond, et saupoudrez de quelques Orléans. Rendez le tout transparent et attendez la Messe annuelle, où le prince Louis représente officiellement et personnellement son ancêtre Louis XIV, pour les faire sauter. Déguisez-vous ensuite en un conglomérat aussi informel que virtuel intitulé « les familles royales européennes » et criez bien fort que vous ne reconnaissez pas la prétendue maison de Bourbon, maison, pas au sens de bâtiment bien sûr, et c'est là que vous en voulez pour preuve votre présence à des mariages ! Faites revenir. Réessayer. Enfilez sans plus attendre une jolie robe de parlementaire le plus anti-monarchiste qui puisse se faire et faites croire à vos petits camarades de récréation que la constitution non écrite du royaume de France, issue d'une loi salique remontant aux premiers siècles et forgée par les puissants Capétiens, réputée intangible depuis la fin du Moyen-âge et réglant définitivement la dévolution de la Couronne n'est en fait qu'une dérogation au droit public ! Attendez patiemment qu'ils digèrent et réessayer jusqu'à ce que lassitude s'ensuive. Inventez de nouveaux vices ou encore transposez des notions modernes dans notre passé historique et faite monter en sauce. Vérifiez bien que vous vous êtes contredit au passage. Ayez suffisamment de sens acrobatique pour faire dire à des documents historiques ce qu'ils ne disent pas. En l'occurrence, des lettres patentes. Dites, par exemple, que ces lettres faites pour renforcer et garantir un effet naturel des lois fondamentales dans un monde incertain sont en réalité la preuve que ces lois n'existent pas. Faites ensuite semblant de ne pas comprendre qu'un prince étranger aux XVIe et XVIIe siècles signifie étranger à la Maison de France. Niez l'évidence avec obstination ! Remuez en espérant qu'elle disparaîtra d'elle-même. Faites une ou deux considération sur ce qui ne vous regarde pas là où vous les faites, puis employer le premier terme grossier qui vous vient à l'esprit quand vous songez à votre cas. Signez de votre vrai nom ou d'une croix, amen, et retournez dans votre dimension. Fin de la recette.

En somme, à quelque chose malheur est bon !

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