dimanche 10 janvier 2010
21 janvier
Depuis la Francia¹ originelle des Francs, mentionnée dès le IVe siècle dans une carte des routes et des étapes dans l'Empire romain², et jusqu'à lui, la longue suite des rois est ininterrompue de fait comme en droit, fait singulier s'il en est dans l'histoire des nations. Lui, c'est celui que les révolutionnaires ont surnommé Louis le Dernier, en fait, Louis XVI de France. Il ne sera pas le dernier mais bien plutôt le Premier. Le premier dont la fin du règne n'inaugure pas le règne suivant, le premier roi auquel personne ne succède dans l'exercice de la prérogative royale et le premier Capétien mort sans que l'on puisse crier « Le roi est mort ! Vive le roi ! » sauf à être resté fidèle et à voir dans l'enfant du Temple le roi Louis XVII, pauvre enfant maltraité et avili, bientôt mourant.
Louis XVI en habit de Sacre
Louis Auguste de France naît à Versailles le 23 août 1754. Aîné salique des Capétiens, c'est-à-dire de la Maison de France depuis Hugues Capet, à la mort de son grand-père Louis XV, il lui succéde en 1774 comme roi de France et devient Louis XVI. Il prend alors le titre de rex francorum que portaient déjà Clodion et Childéric et qui s'est transmis intact durant près de quatorze siècles jusqu'à lui. La fin du XVIIIe siècle voit donc aboutir la vertigineuse suite des rois de France à ce jeune-homme réservé et affable. L'antique couronne fleurdelisée vient ceindre son front de roi sacré sous lequel se dessinent des yeux pleins de bonté et une bouche timidement souriante. Le peuple aime son roi et le manifeste, le roi aime son peuple et veut son bonheur. Tout semble aller pour le mieux dans la vieille monarchie française.
Louis XVI et La Pérouse
Le roi est soucieux de son peuple et s'attache à moderniser le royaume dans un sens que l'on qualifierait aujourd'hui de social. Son règne est marqué par des réformes importantes concernant le droit des personnes : abolition de la torture en 1781 et 1788, abolition du servage dans le domaine royal en 1779, abolition du péage corporel des juifs d'Alsace en 1784, édit de tolérance des protestants en 1787. Il est aussi marqué par quatre tentatives de réformes profondes du royaume (1774-1776, 1781, 1787 par deux fois) passant par l'instauration d'un impôt direct égalitaire (en remplacement de la taille inégalitaire) et d'assemblées provinciales élues destinées à contrôler cet impôt.³ Ces dernières réformes se heurterons à la classe des privilégiés et cette opposition fera le lit de la Révolution et des monstruosités qui s'ensuivirent, à commencer par la mort du roi.
Le donjon du Temple
Si Louis XVI est le premier à engager de profondes réformes sociales dans le royaume, il sera aussi le premier à mourir lorsque la folie de quelques uns précipitera la France dans la haine d'elle-même et la destruction acharnée de sa propre civilisation. C'est donc bien encore une fois Louis le Premier qu'il aurait fallu le surnommer. Mais les Révolutionnaires n'ont pas de vision. Ils brûlent et tuent parce que c'est leur opium, pour vivre jusqu'au bout le grand frisson du sacricide4. Après une détention dégradante et un procès inique où il est reconnu coupable de « conspiration contre la liberté publique et la sûreté générale de l'État », le roi est définitivement condamné à mort sans sursis par la Convention nationale, auto-instituée en tribunal, le 18 janvier 1793. Le roi est guillotiné le 21 janvier place Louis XV, devenue « place de la Révolution ». Ce n'est pas une simple exécution. C'est un assassinat.
Assassinat de Louis XVI
Cet enchaînement d'actions illégales - la confiscation du pouvoir par les factieux, l'arrestation du roi, l'attaque des Tuileries et le massacre des gardes, la suspension du roi par l'Assemblée, son procès, sa condamnation à mort et son assassinat par la Convention nationale - forment l'acte fondateur de la République. Dès lors la France baigne dans son propre sang qui ne cessera de s'épancher durant la Terreur, puis versé encore dans toute l'Europe sous la tyrannie napoléonienne, enfant monstrueux de la Révolution. La paix et la liberté réelles ne reviendront qu'avec le retour du roi, Louis XVIII. La République et l'Empire ont causé notre ruine et notre perte, leur terme commun semble une bénédiction.
Louis XVI guillotiné
Mais il est déjà trop tard. La chute fut d'une telle ampleur que la France ne mérite pas cette paix et cette harmonie apparemment retrouvées. Tant de sang et d'atrocités, le meurtre du père de la nation, de la reine, le calvaire de l'enfant-roi au Temple, la mort enfin de tant de héros et de tant d'innocents, cela se paye en siècles ! Croiraient-on que les forcenés d'hier voudraient faire amende honorable. Non. Ils persistent. La France est précipitée dans un enfer récurrent par leur faute et sans aucun doute contre la majorité silencieuse des Français qui souffrent tant des épisodes révolutionnaires et des guerres qu'ils provoquent. Cet enfer, c'est la Révolution continuée à travers tout les XIXe et XX siècles. Elle commence seulement aujourd'hui de s'essouffler, de mourir sur la grève de l'Histoire indifférente à son sort.
Louis XVI au Temple
Le recul nous invite de plus en plus à considérer avec mépris la succession des régimes qui jalonnent les deux derniers siècles et qui débouchent tous sur des catastrophes, des révolutions, des guerres civiles des désastres militaires, quand ce ne sont pas des fascismes dégradants. On voit ainsi se succéder la sinistre Monarchie de juillet, la IIe République, le Second empire, la IIIe République, Vichy, la IVe République, et enfin la Ve République ! Quel nouveau séïsme nous attend ? Un chaos économico-civilisationnel ? La chute, enfin, des élites politico-financière ? Non contente de sa propre perte, la France continue de forger sa mythologie républicaine en puisant dans les oripeaux ensanglantés de la Révolution et prétend les porter comme des valeurs universelles au-delà de ses frontières. Les autres nations d'Europe subiront tour à tour le même sort qu'elle, elles seront toutes décapitées, auront toutes à subir les affres des révolutions, seront toutes soumises au joug des régimes totalitaire, et les guerres deviendront générales entre les nations. La Révolution aura déréglé durablement l'Europe.
Louis XVI au pied de l'échafaud
Quel sombre et funeste jour que ce 21 janvier 1793. Pour la France et pour le monde. Cela aura ouvert des portes interdites qui donnent en dehors de l'Histoire et où les nations aveugles sont précipitées. Nous ne pouvons que souhaiter que cette Ve République agonise à son tour et que la place qu'elle commencera de laisser nous donnera l'occasion de renouer avec notre Histoire en restaurant ce que nous avons détruit. Pour conjurer ce jour maudit nous ne pouvons que reconnaître nos errements et vouloir que le roi soit de nouveau placé sur le trône de ses ancêtres. Il n'est pas d'autre voie possible. Manquer cette chance signifierait passer définitivement à côté de notre Histoire et nous acheminer vers la désintégration. La France n'est éternelle que par son roi, nullement en elle-même, car il est le pont entre le fond des âges et notre avenir commun. Notre régression est en partie consommée, l'avenir est bien sombre, notre unique espoir c'est le roi.
1 Francia, traduction latine probable du francique Frankkon, « royaume des Francs ».
2 Table de Peutinger
3 Source : Wikipédia
4 Selon le mot de Michel Koch in Le sacricide.
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Bravo , rien à dire, reac à souhait comme je l'aime!Super
RépondreSupprimerLa vérité probable sur Louis XVII.
RépondreSupprimerBonneval démasqué.
file:///C:/JCP/Favorites/jcp/Divers/Louis%20XVII.htm