mercredi 26 janvier 2011

Le roi est mort, vive le roi !


par Alexandre Uytterhaegen

En ce samedi 22 janvier s’est tenue à la cathédrale de Bayonne une cérémonie à la mémoire du roi-martyr Louis XVI. Célébrée par Monseigneur Aillet, c’est de manière fort poignante et solennelle que s’est déroulée la messe à l’intérieur du majestueux édifice en cours de rénovation.


Cathédrale de Bayonne

Une soixantaine de personnes étaient présentes afin de rendre hommage au défunt roi. Au premier rang se tenait la Princesse Françoise de Bourbon-Parme, qui nous fit l’honneur de sa présence. A regarder les fidèles, l’on se serait laissé persuader que cette cérémonie était l’occasion de prendre de la hauteur sur les évènements politiques et économiques qui occupent pour la majorité nos pensées. Tel une piqure de rappel, cela nous permet de nous montrer – s'il en était besoin - qu’une réelle alternative au système actuel existe. Bien que La gueuse ait étendu son influence jusque dans l'esprit des plus jeunes enfants, ces événements bien que trop rares, nous offrent ce recueillement et ce recul si nécessaires en ces temps troublés.
Après la cérémonie se déroula un « repas-conférence » où se trouvaient deux intervenants de talent nous exposant les tragédies Vendéennes et Basques durant la Révolution Française. Outre la princesse de Bourbon-Parme et Monseigneur l’Archevêque de Bayonne, étaient entre autre présents Alexandre de La Cerda, consul honoraire de Russie à Biarritz, et son épouse la comtesse Anna Tolstoï, Christophe Jankowiak chevalier des arts et des lettres et enseignant à la faculté de Bayonne, le duc Charles de Luynes et bien d’autres personnalités. Était également présent un descendant d’un général vendéen. L’ironie de l’histoire voulut que le traiteur s’occupant de la réception s’appelle Le Napoléon, chose qui fit sourire plus d’un convive.


Monseigneur Aillet

Passons sur la tragédie vendéenne que nous connaissons tous afin de nous arrêter sur la déportation des basques par les forces révolutionnaires, moins connue. Auteur d’ouvrages sur le Pays Basque, Alexandre de La Cerda nous narra avec une vive émotion cette histoire si méconnue se déroulant en février 1794. Globalement, les idées révolutionnaires ne connurent pas un grand succès en terre basque, la majorité des ecclésiastiques et des clercs refusèrent de prêter serment à la Constituante et le petit nombre qui le fit se rétracta assez rapidement. Le nouveau conseil municipal de la ville de Bayonne était en effet composé pour l’essentiel d’individus étrangers au pays. Détail amusant, les partisans de « la Gueuse » reçurent à leur domicile des paniers où se trouvaient des gallinacés caquetant. Pour contraindre la population à se soumettre, le pouvoir central ordonna des mesures d’éloignement. Dans les régions mitoyennes (l’exemple de Capbreton fut choisi) se trouve d’innombrables tombes où est inscrite la localité d’origine des défunts. De très nombreux villages du Labour, de Basse Navarre et de Soule sont ainsi évoqués. Détail lugubre mettant en évidence la « bravoure » des révolutionnaires, nous pouvons y voir énormément d’enfants et de vieillards. Les archives des paroisses frontalières espagnoles mettent d’autre part en évidence une arrivée massive de clercs et ecclésiastiques français.


Louis XVI

Par ailleurs, dans la liste désignant les aristocrates dans le but de les offrir à la vindicte populaire, se trouvaient en réalité de nombreux artisans et petites gens. Cette manipulation permit de mettre à genoux de manière détournée les éléments les plus récalcitrants. Cette démocratie que se pare actuellement de toute les vertus, essentiellement en développant une vision manichéenne l’opposant à l’Ancien Régime et en se donnant une pseudo-légitimité en se rattachant au régime Athénien - qui serait aujourd’hui qualifié d’oligarchie - a creusé ses fondation dans le sang des enfants et des vieillards fidèles aux traditions. Qu’il est beau ce « sang impur » qui abreuve les « sillons » des révolutionnaires. A en croire l’Histoire officielle, le XXe siècle a connu le développement et le paroxysme de la barbarie notamment de par le système concentrationnaire soviétique et les déplacements de population. Comme nous pouvons le voir ces individus n’ont rien inventé mais se sont tout simplement inspiré des horribles exemples français.


Alexandre de La Cerda

Pour conclure, le consul cita une phrase d’Alexandre Soljenitsyne : « En inaugurant aujourd’hui le mémorial de votre héroïque Vendée, ma vue se dédouble. Je vois en pensée les monuments qui vont être érigés un jour en Russie, témoins de notre résistance russe aux déferlements de la horde communiste. Longtemps, on a refusé d’entendre et d’accepter ce qui avait été crié par la bouche de ceux qui périssaient, de ceux que l’on brûlait vifs, des paysans d’une contrée laborieuse pour lesquels la Révolution semblait avoir été faite et que cette même révolution opprima et humilia jusqu’à la dernière extrémité ».(2)


Son Altesse prit enfin la parole afin de remercier l’Assemblée pour son soutien envers son association Malte-Liban (1) fondée en 1987. Epaulée dans sa tâche par son époux le prince Edouard de Lobkowicz, décédé le 2 avril dernier, elle a tenu à nous rappeler l’importance du devoir moral qu’avaient les chrétiens d’occident envers les libanais qui, rappelons le, sont en grand nombre francophone et partagent la même foi. Leur vie quotidienne est à rapprocher des coptes d’Egypte, des Orthodoxes des enclaves serbes au Kosovo et plus généralement de tous les chrétiens vivant en terre mohamétante. Très justement, sa sainteté Jean-Paul II nous mettait en garde en ces termes : « La disparition du Liban serait sans aucun doute l’un des grands remords du monde. Sa sauvegarde est l’une des tâches les plus urgentes et les plus nobles que le monde d’aujourd’hui se doit d’assumer. » La facette religieuses mise à part, les français doivent plus que tout autre nation ressentir l’urgence de la situation d’un peuple qui, selon les mots de la Princesse de Bourbon-Parme, considère notre pays comme leur « Mère Patrie ». L’actualité nous donne, malheureusement, que trop d’exemples de communautés oppressées au sein même de leur propre pays. Il semblerait que l’opinion internationale ne s’émeuve que dans un sens, pour s’en convaincre rappelons-nous que les Etats-Unis se sont félicités publiquement de l’indépendance unilatérale et illégale du Kosovo, avec les conséquences que nous connaissons… En guise de conclusion, la Princesse nous a enjoint à ne pas oublier ce qui se passe à l’étranger et que les médias gardent bien volontairement sous silence.


Bayonne

Lorsque la double conférence toucha à sa fin, Son Altesse fut conviée à une rapide visite des monuments de Bayonne, sous les explications de Charles de Luynes. Passant devant la caserne de style Vauban, l’Eglise Saint-André, les petites rues étroites au style si particulier et le Château-Vieux où flottaient les couleurs républicaines – l’on ne manqua d’ailleurs pas de rappeler que le bleu et le rouge étaient décidément de trop - le petit groupe s’arrêta finalement chez un marchand de chocolat, afin que la Princesse puisse emporter avec elle un peu du symbole de la ville. Chose amusante, les Français si fiers de leurs valeurs républicaines et « droit-de-l’hommiste » se sont précipités d’un air ébahi autour de son Altesse, la vendeuse la sollicitant afin de laisser quelques mots dans son livre d’or ; la descendante en ligne directe de Louis XIV et des Habsbourg leur apparaissant comme le symbole d’un monde révolu fantasmé mais que personne n’a oublié…

AU

(1) Association Malte Liban

(2) Initiée par l’enterrement de la famille impériale, la Russie connait actuellement une prise de conscience collective lui permettant de renouer avec son passé ; tout d’abord de façon officielle en reconnaissant le Tsar Nicolas II comme martyr de l’Eglise Orthodoxe, mais aussi de manière moins classique à travers les médias via de nombreux films tel « Admiral ». Il est également à noter que dans le sud de la Russie furent érigés quelques stoupas (monument bouddhiste) honorant la mémoire d’Atamans blancs. Le vœu de Soljenitsyne semble en bonne voie de réalisation.

2 commentaires:

  1. Très intéressant. Je souhaite lire de tels récits fréquemment et je remercie l'auteur.

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  2. Ce sont d'excellents commentaires, très riches en histoire, notre Histoire.
    J'aurais aimé être à la Cathédrale de Strasbourg mais hélas, j'étais indisponible...
    Je suis cependant allé prier la veille pour notre défunt Roy.

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