Catoneo a publié ceci le 29, avec pour titre Légitimisons ! :
« La querelle des princes au sein de l'infanterie royaliste ne diminue jamais d'intensité. En tous échanges elle surgit. Que le prince fasse, et plus encore qu'il s'en abstienne, et la roue reprend des tours. La chronique n'est pas épargnée. "Légitimiste" me lance-t-on ici. "Oecuméniste" ailleurs. "Orléaniste" plus loin. La totale étant "agnostique maurrassien", sulfureux en diable. Malgré une propension naturelle à la contemplation, que je combats, je suis adepte du mouvement plus que du vitrail. Le mouvement c'est l'action, le vitrail c'est le soleil dehors ; ça le fait tout seul. Militant providentialiste est un paradoxe. D'où l'ennui de la Charte de Fontevrault par exemple. A tout faire autant être survivantiste, c'est plus excitant, un peu Da Vinci Code et terriblement mérovingien.
Légitimisant, je m'intéresse au prince Louis et j'en ai du mérite. Il serait venu aux Invalides ce 20 septembre pour la messe annuelle de fondation, sans tambour ni trompette pour des raisons de sécurité sans doute. Si j'osais une question, je l'adresserais à son secrétariat : Quel est le fondement de la démarche consistant à faire venir l'aîné des Capétiens aux Invalides en toute discrétion pour y rencontrer le gouverneur militaire de Paris, deux généraux, l'évêque-aumonier des armées, le président du Sénat et quelques convaincus ? J'exagère un peu, on y a vu Charles-Emmanuel de Bourbon-Parme en famille et même Jacques d'Orléans. Il y avait "messe" sur l'agenda, pas "écrouelles". Au fait, a-t-il visité l'Institution ?
Si les autorités qui savent vivre ont salué le "fils de saint Louis", elles ne sont pas venues expressément pour lui, mais par devoir d'Etat.
Qu'on ne se méprenne pas. Le retour du roi - je sais que pour nombre de légitimistes ce n'est pas le but - ne se fera pas par la haute fonction civile, encore moins militaire. Si par temps de troubles, des "velléités de changement" étaient détectées chez le personnel de pouvoir, la gendarmerie y mettrait bon ordre en embarquant au saut du lit ce joli monde convaincu de conspiration. En revanche, ce que l'on pourrait attendre à ce niveau de l'Etat est la neutralité, et à mesure de la progression, une empathie. Le roi ne reviendra, à l'issue d'un long travail de vulgarisation de l'institution monarchique dans l'Opinion, que sur la jolie définition de La Tour du Pin : le droit du prince naît du besoin du peuple. Il faut donc créer ce besoin. Les Invalides sont un sympathique coup d'épée dans l'eau.
Comme le roi de France n'existe réellement qu'oint, le prince en situation de le devenir n'existe comme tel que s'il "fait le prince". Prince politique. Et avouons-le, nous en sommes loin du côté de Bourbon. Il est plus souvent acclamé comme l'aîné des Capétiens que comme alternative institutionnelle. D'ailleurs de ce côté-là c'est le grand flou. L'UMB ne moufte pas. Le Politique d'abord de Charles Maurras terrorise. On ne saute pas du bénitier comme ça. Dieu sait, qui inspirera son lieutenant... et puis, vous m'ennuyez avec vos questions, vous ne comprenez rien au légitimisme.
Je suis abonné à la Gazette électronique de l'UCLF et ne fut avisé qu'après coup de la journée du 20 septembre, ou bien je n'ai pas piqué la news (c'est possible). Aurais-je tendu le micro sinon ? Plus sûrement j'aurais glissé un billet à l'insu du team, dans lequel j'aurais exercé sans vergogne mon droit de remontrance, absent des lois fondamentales mais inscrit ultérieurement à la panoplie du citoyen contribuable :
En l'absence de recommandations suivies du noyau fondamentaliste français pour une approche politique de la fonction offerte à vos espérances, il serait avisé que vous caliez un axe de propagande (changer le vilain mot) maintenu par un vrai secrétariat politique, convenablement staffé de professionnels actifs, qui communiquerait aléatoirement sur les questions institutionnelles - la réforme territoriale en cours est importante, la dette keynésienne aussi - et qui préparerait deux interventions annuelles du prince sur des sujets majeurs - complot du réchauffement planétaire, antagonismes civilisationnels, ...-, en prenant soin d'éviter les questions sociétales sensibles qui ne promeuvent que la dispute et pas le prince. Il serait productif d'organiser un "point d'orgue annuel" en dehors des commémorations usuelles et usées, quelque "roche de Solutré" en Bourbonnais*, qui exploiterait le charisme naturel et la bonne forme physique du titulaire, à l'intention de promouvoir l'affect populaire en dehors des églises. Fin.
*c'est une image !
Mettre la chose en musique convoque moult talents, mais il reste indispensable de parfaire l'expertise politique du prince, mécanicien bancaire ne suffira pas. La question à vingt bolivars qui est restée dans le micro, la voici :
« Monseigneur, de tout cela, en avez-vous envie ? » »
Couronne des funérailles de Louis XVIII
J'ai répondu cela :
« En tout premier lieu, merci ! Vous avez raison. Toute la véhémence dont sont capables les hussards blancs autoproclamés est déployée dans la querelle irréductible qui oppose les tenants d'une conception ou d'une autre, et dont aucune n'est immaculée. Soit . Je bats ma coulpe humblement, n'étant jamais le dernier à croiser le fer de la légitimité avec celui d’un incertain pragmatisme. C'est comme de finir une boîte d'After Eight entamée, je ne peux hélas pas m'en empêcher.
Mais comment réconcilier ceux qui soutiennent la royauté par fidélité au roi et ceux qui soutienne un prince, quel qu’il soit, par désir de la royauté ? La ligne de front est d’autant moins nette dans ce petit monde, ou dans ce monde petit, que l’on s’oppose encore sur l’identité du roi, pour les premiers, du prince pour les seconds ! A ces divisions croisées, viennent s’ajouter les caprices individuels, j’entends par là des marottes sans rapport avec la royauté et sa restauration éventuelle, tels que religiosité entreprenante, national-corporatisme sépiatique à l’envie et autres preuves de virilité qu’il serait fastidieux de décrire ici, mais que l’on entend parfois nous faire avaler avec le bébé, si je puis me permettre.
Puisque nous légitimisons, voyons pourquoi ce drôle de club, qui paraît tantôt frappé d’un mysticisme royal délirant, tantôt d’un stoïcisme dégagé à faire pâlir le loup de Vigny, soupçonné d’internationalisme princier et de haine pour telle branche maudite par tant de péchés plus originels les uns que les autres, semble hermétique à la grande mouvance royaliste telle que conçue et théorisée ailleurs que chez lui. Il est vrai que joue assurément la simple peur d’être associé par le combat qu’on mène (ou qu’on aimerait mener) à une idéologie déjà plus très en vigueur au siècle passé et carrément surannée aujourd’hui, dont on a de plus vu les tenants tomber dans tous les chausse-trappes de l’histoire contemporaine. On peut aisément le comprendre. Reste l’argument de l’union qui fait la force. Mais la force de qui ? Comment blâmer ceux qui ont un prince intangible de répugner à lutter aux côté de ceux qui ne sont pas très sûrs d’en avoir un mais dont le noyau dur est constitué de fidèles à une autre maison et ne se prive pas de le faire connaître ? Si l’on ajoute à cela le fait de n’être pas si convaincu d’appeler de ses v?ux le même ordre social, ou sociétal, pour autant qu’on ait une idée à ce propos… Ils ne manquait plus que s’ajoute à tous ces sujets de méditation celui que constitue le spectacle actuel de subdivisions en factions tutti frutti des mouvements se maintenant déjà avec peine auparavant, le tout avec des relents de haine et de ranc?urs, peux attractifs vu de l’étranger si j’ose dire.
On comprend peut-être mieux pourquoi le légitimisme, pétrifié par la vision de ce qui se passe chez le voisin, avance à une allure de gastéropode hémiplégique en matière de combat politique et de théorisation de la chose publique. Il faut néanmoins rendre à César ce qui est à César et lui concéder que Le Mémorial de France à Saint-Denys conjointement avec l’Institut de la Maison de Bourbon n’ont pas seulement, par leur travail patient et semé d’embûches, ?uvré au bénéfice du syndicat des fleuristes et marbriers, mais bien réancré la vieille monarchie française, non pas dans le paysage républicain, mais sur son sol, dans ses symboles sacrés, au vu et au su de tous. C’est énorme et je m’offusque que l’on sous-estime, voire que l’on méprise cela. Qui l’aurait fait à sa place ? Chacun a sans doute déjà sa réponse.
Louis XX à Saint-Denis
Quant au roi, Louis XX pour les malvoyants, il est tout ce que peut rêver un royaliste aujourd’hui. Pourquoi ? Parce qu’il ne s’engage pas dans un combat politique qui lui ferait prendre position face à une partie des français et qui du même coup invaliderait l’argument principal de la royauté, outre la légitimité de laquelle bien peu font cas, qui réside dans le fait que le roi est au dessus des partis et qu’il représente tous les Français. Il est discret et ne s’attarde pas dans une vaine poursuite du vent des titres, prédicats, ordres et autres armoiries. Comme l’a dit son père avant lui, il « est » . Traduction dans la réalité : tout vient à lui de cette sorte sans qu’il ait jamais à lutter et à s’étaler pour cela dans une presse de caniveau ! Puisse le roi rester en paix pendant que nous servons.
Nous servons ? C’est là mon cher piéton qu’à mon sens, tout comme au vôtre il me semble, le bât blesse. Mais hélas il est l’heure de retourner à mes topiaires. »
Nous avons convenu ensuite qu'on ne demandait pas au duc d'Anjou de faire de la politique intérieure mais quil ne serait pas inintéressant qu'ils s'exprime sur de grands sujets planétaires, ce qui me paraît acceptable.